Behar 5783

"Et quand vous vendrez à ton prochain, ou quand tu achètes de la main de ton prochain, ne vous lésez pas l'un l'autre."
(VAYIQRA 25, 14)


Cette semaine nous lirons 2 parachiot : Behar et Behouqotay

Behar commence par présenter les lois de la Chemita (l'année chabbatique de la terre, on ne doit pas travailler la terre pendant un an), et celles du Yovel (=Jubilé). Entre autres, la Torah veut nous faire comprendre que nous ne sommes pas propriétaires de la Terre. Nous sommes là pour l'utiliser. Mais tous les 7 ans, nous la rendons, sans la travailler. La chemita contribue à combattre l'instinct de possession qui est en nous.

C'est cet instinct qui peut nous faire passer à côté de notre vie. Cet instinct peut nous faire croire que “que le bonheur c'est d'avoir (de l'avoir plein nos armoires)”. C'est cet instinct d'avoir qui nous fait oublier que notre vie c'est chercher à être. Avoir, ne sert à rien après 120 ans. En revanche, si je cherche à être pendant 120 ans, je continuerai à être pour l'éternité.

Après 120 ans, on n’apporte pas ce qu’on a. Mais on se présente avec ce qu’on est devenu.

Après la chemita et le yovel, la Torah continue avec de nombreuses lois "sociales".

Le premier verset cité en entête fait référence au dol (onaa). Il est interdit de léser son prochain lors d'un échange. S'il y a un écart de plus de 1/6 entre le prix de la transaction et le prix normal, alors l'échange peut être annulé.

Le verset en entête est étudié à la page 56b de la guemara Baba Metsia. On déduit de la répétition dans le verset [TiMKeRou, MiMeKaR, ce qui se vend] que l’interdit de léser son prochain dans les échanges ne concerne pas les contrats, car ils ne sont pas des objets vendus, mais des supports pour échanger d’autres biens.

Le Torah Temima explique que si l’on vend une créance qui est en fait un contrat, la reconnaissance de dette de A envers B, alors sur ce titre, il n’y a pas de Onaa.
En effet, nous fait comprendre le Torah Temima, le titre de créance, est trop éloigné de l’objet que l’on échange. Toutefois, précise-t-il, s’il s’agit d’emprunts d’Etat, ou de de titres sur des organismes sûrs, alors, le titre a une valeur objective, et donc il est soumis à la loi de Onaa.

Le Ramban précise que même s’il n’existe pas les conséquences de Onaa, car l’on ne peut annuler une vente d’un tel titre de créance, malgré tout l’interdit demeure. Il m’est interdit de rouler mon prochain même pour lui vendre un titre de créance. De même, lorsque l’on dit que pour un bien immobilier, il n’y a pas d’onaa, ce n’est pas que tous les coups sont permis. L’interdit demeure, mais si l’écart est de 20% (par exemple), il n’y aura pas d’option d’annuler la vente.

Pour les biens facilement valorisables la Torah ne vas hésiter à donner la possibilité d’annuler la transaction. Pour les biens dont la valorisation est plus subjective (titres de créance, immobilier, …) la Torah n’a pas peut être pas souhaité désorganiser le marché en donnant ce droit. Pourtant l’interdit demeure, et quel que soit le bien matériel, ou immatériel, meuble ou immeuble, je devrai bien me comporter et ne pas léser mon prochain.


Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN

www.limud.net