Behouqotay 5784

"Si dans Mes décrets vous marchez, et que vous gardez mes commandements, et que vous les fassiez …"
אִם-בְּחֻקֹּתַי, תֵּלֵכוּ; וְאֶת-מִצְו‍ֹתַי תִּשְׁמְרוּ, וַעֲשִׂיתֶם אֹתָם

(VAYIQRA 26, 3).

La paracha Behouqotay est un avertissement. D. nous dit si vous marchez dans mes décrets, alors vous aurez ….[une liste] de bénédictions, et si les Bné Israel ne respectent pas la volonté de D., la paracha présente aussi des malédictions.
Sur le verset en entête, le début de la paracha, Rashi rapporte le Torat Cohanim.
Rashi explique que "Si dans mes décrets vous marchez” signifie en fait “si vous consacrez des efforts à l'étude de la Torah”.
En effet, dit Rashi, la suite du verset parle de respecter les commandements divins, donc forcément le début du verset “marcher dans Mes décrets” fait référence à autre chose.

Mais pourquoi la Torah a-t-elle utilisé le mot “décret” [Houqa, BeHouQotay] pour parler de l’étude de la Torah.

Le Or Ha’hayim explique que la notion de décret est liée à l’étude de la Torah, car D. a créé l’oubli dans la nature, il faut donc étudier et encore étudier, recommencer,... c’est cela le décret (loi incompréhensible).

Le Or Ha’Hayim explique que la Torah a utilisé le pluriel dans “Be’houqotay” = “dans Mes décrets”, car c’est une allusion à la Torah écrite et à la Torah orale. Il faut se fatiguer pour étudier les 2.
Il continue en disant qu’il faut fixer un double temps d’étude : le jour et la nuit.


Le Kli Yaqar va dans la même direction. Il explique que le verbe aller/marcher n’est pas approprié aux décrets. Il nous dit donc que si la Torah nous demande de marcher dans les décrets, c’est forcément, autre chose que respecter les lois, c’est un cheminement, l'étude de la Torah.
Le Kli Yaqar explique que c’est une loi naturelle, il faut se fixer des moments pour étudier la Torah. En effet, étudier ne suffit pas. Il faut fixer des moments d’étude. Car en fixant des temps pour la Torah, on se crée une seconde nature. C’est cela le décret, la loi de la nature.
Ainsi, nous comprenons le verset 59 du Psaume 119
חִשַּׁבְתִּי דְרָכָי; וָאָשִׁיבָה רַגְלַי, אֶל-עֵדֹתֶיךָ
J’ai pensé à mes chemins, mais j’ai ramené mes pieds vers ton témoignage.
Ce verset du Psaume 119 est rapporté par le Midrach, en commentaire sur le premier verset de notre paracha (entête).

C’est le Kli Yaqar qui le rapporte. Le Roi David dit qu’il pense chaque jour à tel ou tel endroit, mais que c’est pieds le ramènent à la maison d’étude.
C’est la 2è nature dont parle le Kli Yaqar, le décret de la nature : il faut se créer des moments d'étude fixes afin que instinctivement, nos pieds nous mènent à la maison d’étude.

Mais le mot ‘Houqa pour parler de la Torah, reste malgré tout compliqué.

Traditionnellement on connait Michpat, la loi intelligible, celle que l’on comprend, que toute société doit mettre en place pour assurer son fonctionnement.
Face à la loi de type michpat, on a le décret, que l’on ne comprend pas.

Le Kouzari traduit michpat par ‘Houqim Si’hliim. Mais le Rambam n’aime pas cette formulation, car cela laisse entendre que les autres lois (les décrets) sont inintelligibles, que l’on ne peut pas les comprendre.

Le Rambam préfère dire qu’il existe des lois que toute société mettrait en place, même sans la Torah, comme ne pas tuer, ne pas voler, …
Mais il y a aussi des lois qui sans la Torah n’existeraient pas. Ces lois, nous n’aurions pas pu les inventer. Ne pas mélanger le lait et la viande est exemple de ce type de loi.
Mais malgré tout, ces lois sont intelligibles. Ces commandements nous ont été donnés pour une bonne raison. C’est à nous de chercher la motivation profonde de ces commandements qui pourraient à première vue être considérés comme des décrets absolus.

En cherchant la raison des mitswot, je fais forcément me rapprocher de Celui qui nous a donné les mitswot.

On comprend donc pourquoi le mot ‘Houqa est associé à l’étude de la Torah. En étudiant, en approfondissant, je pourrai peut-être découvrir une partie de la raison des commandements divins. Ainsi, je me rapprocherai du Créateur.

Mais attention, je ne dois pas considérer la Torah comme une science. Lorsque j’étudie je dois peut-être tenter de découvrir la raison des commandements divins, mais cela ne suffit pas.
Comme le dit Rashi sur le verset en entête, je dois faire des efforts dans l’étude afin d’appliquer les mitswot. Je dois étudier pour appliquer.

Comme nous l’avons lu dans Pirke Avot 3,9
רַבִּי חֲנִינָא בֶן דּוֹסָא אוֹמֵר, כָּל שֶׁיִּרְאַת חֶטְאוֹ קוֹדֶמֶת לְחָכְמָתוֹ, חָכְמָתוֹ מִתְקַיֶּמֶת. וְכָל שֶׁחָכְמָתוֹ קוֹדֶמֶת לְיִרְאַת חֶטְאוֹ, אֵין חָכְמָתוֹ מִתְקַיֶּמֶת.

Tout celui dont la crainte de la faute précède la sagesse, alors sa sagesse se maintiendra.

Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN

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