Bo 5785

«Moshé étendit sa main sur les cieux ; il y eut une profonde obscurité sur tout le pays d’Egypte durant 3 jours» CHEMOT (10,22).
Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt !


La paracha BO nous raconte les trois dernières plaies (les sauterelles, l’obscurité et la mort des premiers nés) ainsi, que la suite logique, la sortie d’Egypte.
C'est aussi dans cette paracha la première fois où les Bné Israel, en tant que peuple, reçoivent des commandements divins (Mitswot).
Et quel est le 1er commandement que le peuple reçoit ? La sanctification du mois.

Les témoins qui ont vu la nouvelle lune, viendront témoigner, et le tribunal sanctifiera le mois. Cette nouvelle lune, m’a fait penser au proverbe qui serait d’origine chinoise : Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt !


Parfois quand on s’intéresse à un événement, on ne verra que son aspect superficiel. Et cela éclipse la cause profonde, à laquelle on oubliera de s’intéresser.


Le Mi’htav MeEliahou, volume 2, Paracha Bo, nous raconte l’histoire d’un jeune qui arrive dans une ville pour étudier la Torah. On lui demande, pourquoi tu es venu ici ? Il répond, parce que j’ai pris le train, et que je suis descendu à cette gare.


Au lieu de se focaliser sur la cause profonde : “Je suis venu pour étudier la Torah dans la Yechiva de la ville”, il va répondre en précisant des causes de circonstances, par opposition aux causes profondes.
On peut passer sa vie à ne s’intéresser qu’à des causes superficielles, mais en fait, il faut creuser, chercher la cause première. C’est ainsi, que l’on se rapproche de D.
Si l’on demande d’où vient l’obscurité qui a frappé l’Egypte (verset en entête), on pourrait répondre : D. a envoyé des nuages très sombres. On pourrait parler d’une éclipse énorme…

Mais ce ne sont que des causes circonstancielles. Nos sages ne veulent pas que l’on regarde le doigt. Ils veulent que l’on regarde la lune.

Dans le midrach Raba, sur Bo, on répond à la question d’où vient l’obscurité : Rabbi Yehouda dit que c’est l’obscurité d’en haut. Rabbi Ne’hemia dit que c’est l’obscurité de l’abyme.

Le Mi’htav MeEliahou nous explique ce midrach. Rabbi Yehouda nous dit que c’est l'obscurité d’en haut. L’homme est un être créé avec un début et une fin. Il n’est pas éternel. L’homme est un être manquant, par essence. C’est cela l’obscurité. Le Mi’htav MeEliahou rapporte le Maharal pour nous faire approcher de cette obscurité qui est en fait une absence. L’homme est coupé de D., c’est cela l’obscurité.


Le Mi’htav MeEliahou commente ensuite l’obscurité de l’abyme (Rabbi Ne’hemia). C’est le manque qui naît par un comportement vicié. C’est un manque de perfection dans nos actions. On se coupe ainsi de D.

Le Mi’htav MeEliahou présente ainsi les causes profondes de l’obscurité, et non pas les causes de circonstance. En s’intéressant à la cause première, on va forcément mieux comprendre le monde, les autres et soi-même.


Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN

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