" Ils critiquèrent la terre, … c'est une terre qui dévore ses habitants... "
(BEMIDBAR 13, 32)
La Paracha CHELA'H LE'HA présente le tristement célèbre épisode des explorateurs. Les Bné Israel ont demandé de visiter la Terre d'Israel avant d'y entrer. Moshé nomme donc les plus éminentes personnalités (un représentant par tribu). Il bénit Yehochoua. Les explorateurs partent en Israel et reviennent dans le désert avec de terribles nouvelles.
"La terre y dévore ses habitants. Les autochtones sont invincibles … ". Le peuple est désespéré et pleure quand il écoute le discours des 10 explorateurs qui font de la médisance sur la terre d'Israel (Sur les 12 explorateurs, seuls Yehochoua et Caleb n'ont pas fauté).
La conséquence pour les Bné Israel sera terrible : il faudra errer 40 ans dans le désert avant d'entrer en Israel. D'autre part, tous ceux qui étaient âgés de plus de 20 ans au moment de cet épisode n'auront pas le droit d'entrer en Israel.
Le Rav Sacks zal, l’ancien Grand Rabbin du Royaume Uni s’attarde sur les explorateurs qui ont failli en tant que dirigeant des Bné Israel.
Je présente ici quelques idées du Rav Sacks sur la paracha. C’est tiré de son livre Sig Ve Sia’h, Paracha Chela’h “Avoir confiance dans la réussite”. Le Livre Sig Ve Sia’h est la version en hébreu de Covenant & Conversation. Une version française est sortie : “Les voix de l’Alliance”. Mais je ne suis pas persuadé que tous les tomes existent déjà en français.
Les explorateurs ont vécu la sortie d’Egypte. Ils savent que les Bné Israel ont eu le dessus sur la première puissance mondiale de l’époque. D. a multiplié les miracles, si bien que les peuples du monde entier craignent désormais les Bné Israel. Même les habitants de Canaan craignent les Bné Israel. C’est d’ailleurs pour cela que Ra’hav demandera à être protégée lors de la conquête de Canaan.
Malgré tout, seuls Yeochoua et Calev sont persuadés que la conquête de la Terre d’Israel sera un succès.
Les 10 autres explorateurs sont des dirigeants du peuple. Mais ils faillissent dans leur mission.
Le Rav Sacks explique que tout dirigeant doit susciter la confiance. Il doit faire ce qu’il faut pour que l’individu ait confiance en lui. Il doit donner la confiance au groupe. Il doit inspirer confiance de telle façon que tout un chacun sera convaincu du succès de la mission.
Le Rav Sacks explique que la plupart des fois où l’on ne dit que l’on ne va pas réussir, alors on ne se trompe pas. Et inversement quand on envisage les choses de façon positive. Avoir confiance, être persuadé que l’on va réussir est une condition essentielle pour réussir.
Le Rav Sacks cite David Lands de Harward : Les optimistes réussissent, non pas parce qu’ils ont toujours raison, mais parce qu’ils positivent.
Le Rav Sacks préfère néanmoins la notion d’espoir à celle d’optimisme.
L’optimisme, c’est être convaincu que tout ira bien. L’espoir, c’est avoir la foi que l’homme pourra agir pour que tout aille bien ! Le juif sait bien de par son histoire millénaire que l’on ne peut pas être optimiste. Néanmoins, le juif garde l’espoir. Il doit agir pour que tout avance dans la bonne direction.
Les explorateurs ont failli car ils ont eu peur … non pas la peur de rater la conquête d’Israel, mais la peur de gagner, la peur de réussir. Ils savaient qu’ils avaient tous les outils pour réussir, et pourtant ils ont eu peur des nouveaux enjeux d’une nouvelle vie. C’est cette peur qu’ils ont propagé dans le peuple, au lieu de propager la confiance.
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN
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