"Toute l’assemblée leva et donna de la voix, le peuple pleura cette nuit là….."
(Bamidbar 14,1)
La Paracha CHELA'H LE'HA présente le tristement célèbre épisode des explorateurs. Les Bné Israel ont demandé de visiter la Terre d'Israel avant d'y entrer. Moshé nomme donc les plus éminentes personnalités (un représentant par tribu). Il bénit Yehochoua. Les explorateurs partent en Israel et reviennent avec de terribles nouvelles. Ils vont médire sur la terre d’Israel.
Le comportement du peuple lors de ce moment peut nous apprendre beaucoup sur la psychologie humaine en général.
Quels sont les symptomes ?
"Toute l’assemblée leva et donna de la voix, le peuple pleura cette nuit là….."
(Bamidbar 14,1)
Le peuple pleure. C’est la crise de nerf. Le peuple est désemparé. Pourquoi le peuple pleure ? Une angoisse terrible le prend. Il y a un grand écart entre la situation vécue, et ce que l’on croit vouloir. D’où l’angoisse, et les pleurs. On ne sait pas comment agir, face à la réalité, alors on pleure.
“Ils murmurèrent contre Moshé et Aaron … si seulement nous étions morts en Egypte…” (Bamidbar 14,2)
Quand il y a mal être, angoisse, après les pleurs, une autre réaction “naturelle” (quand on n’est pas maître de soi) c’est la colère. Le peuple s’en prend à Moshé et Aaron. Si on se sent mal, c’est de votre faute ! C’est toujours plus facile de mettre la faute sur les autres ! C’est la nature humaine !
“Et pourquoi D nous amène-t-il vers ce pays pour tomber par le glaive ? … N’est-il pas mieux pour nous de retourner en Egypte ?” (Bamidbar 14,3)
C’est toujours la faute des autres ! Et là, on met la faute sur l’Autre par excellence. Si je pleure, et que je ne me sens pas bien, c’est toujours plus confortable de ne pas se remettre en question et de se convaincre que les autres sont la cause de nos malheurs.
Et de surplus, on est persuadé que c’était mieux avant. L’Egypte, la terre où nous étions esclaves, est préférable à l’enfer ressenti avant d’entrer en Israel.
La nostalgie, le c’était mieux avant est clairement le signe d’un problème.
Les symptômes sont donc clairs : mal être, colère, révolte, pleurs, accuser les autres, idéaliser le passé ….
Mais POURQUOI le mal-être ?
La situation change. Les Bné Israel ont été esclaves pendant 210 ans. Ils viennent de sortir d’Egypte, nous sommes dans les premiers mois de la 2è année de la sortie d’Egypte. En effet, nos maîtres nous disent, que le jour où le peuple pleure, au retour des explorateurs, c’est le 9 av de la 2è année.
Les Bné Israel ont peur du changement. Ils sont psycho-rigides. La réalité va forcément changer, on va passer d’un peuple d’assistés, en Egypte ou dans le désert, à un peuple autonome, qui doit se prendre en main.
Le peuple n’est pas capable de s’adapter.
C’est cela le grand écart entre la réalité et les souhaits du peuple. C’est celà la nostalgie. Avant c’était mieux. Je ne veux pas changer, je préfère donc que le monde qui m’entoure soit immobile. C’est la facilité que le peuple recherche. Mais ce n’est pas possible, l’environnement change. Donc le peuple doit changer.
Le Résultat : la punition
“Si seulement nous étions morts en Egypte …”
(Bamidbar 14,2)
Les Bné Israel n’ont pas voulu s’adapter…. ils ne savent pas que vivre c’est changer. Mais les Bné Israel auraient préféré mourir, car le seul qui ne change pas c’est le mort. La punition est donc naturelle. Ils auront ce qu’ils souhaitent, ils se punissent tout seul …. ils finiront leur vie, sans changer, dans le désert.
Changer, c’est trop difficile pour les Bné Israel. Pour changer, il faut être jeune, en âge, et surtout dans la tête.
Par conséquent, seuls, les moins de 20 ans au moment de la sortie d’Egypte, pourront entrer en Israel. Uniquement ceux qui sont capables de se changer auront la possibilité de s’installer en terre d’Israel. Place aux jeunes !
Décidons de rester jeune jusqu’à 120 ans ! N’ayons pas peur de nous remettre en question…. et donc de nous adapter !
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN
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