"Et tout ce sur quoi tombe une partie de leur carcasse deviendra impur, …. ils sont impurs, et ils seront impurs pour vous "
Vayiqra 11,35
La paracha Chemini est consacrée au service dans le Michkan (le Temple du désert). On y trouve aussi deux autres sujets : la mort des deux fils de Aaron le Cohen Gadol, et l’exposé des lois de cacherout.
Le verset en entête fait référence à certains cheratsim (rampants). Cette nevela (un animal mort) rend impur.
Le verset en entête insiste : ils sont impurs et ils seront impurs pour vous.
Le Torah Temima s’intéresse au Yerouchalmi sur le verset en entête (Cheviit, chap 7, halaha 1). Cette répétition nous apprend que ces animaux sont interdits, et qu’il est interdit d’en tirer profit. Le Yerouchalmi continue : toute chose qui est interdite dans la Torah, il est interdit d’en faire le commerce.
Le Torah Temima rapporte le Rachba. Tout animal interdit à la consommation on n’aura pas le droit d’en faire le commerce si l’essentiel de cet élevage est destiné à la consommation. Ainsi, le commerce de cet animal est interdit de peur qu’on vienne à en manger. C’est pourquoi, vendre des chevaux ou des ânes qui ne se consomment pas est autorisé (selon le Rachba) : ces animaux sont élevés pour utiliser leur force de travail et pas pour se nourrir.
Pourtant, le Torah Temima rapporte les Tossefot dans la guemara Avoda Zara 15a qui soutiennent qu’il est interdit de faire le commerce des chevaux… et ils s’opposent clairement au Yerouchalmi.
L’explication du Rachba est néanmoins problématique. Si le Yerouchalmi interdit de faire le commerce d’un interdit de peur qu’on en vienne à le consommer, pourquoi un Nazir a-t-il le droit de faire le commerce du vin (Sifri Paracha Nasso) ?
Si faire le commerce d’un interdit est un décret de la Torah (gzerat hakatouv) alors je peux comprendre que pour le nazir, la Torah n’a pas légiféré. Mais si on me dit que c’est de peur de consommer de l’interdit, alors le nazir ne devrait pas faire le commerce du vin, de peur qu’il en consomme !
Le Torah Temima va plus loin : comment le Yerouchalmi peut-il dire à la fois qu’on n’a pas le droit de profiter d’un interdit, mais qu’on peut en faire le commerce ?
Le Torah Temima rapporte donc le GRA, le Gaon de Vilna, qui corrige le Yerouchalmi et qui précise : il est interdit (par la Torah directement) de profiter ou de faire le commerce.
Le Torah Temima termine sur un des maux de son époque : comment se fait-il que tant de personnes font le commerce de choses interdites ?
On vend des animaux interdits, des vêtements (mélange de lin et laine), … alors que c’est interdit de la Torah selon la plupart des richonim.
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN