Chofetim 5784

“Ils [les anciens du Tribunal rabbinique] annonceront et diront : Nos mains n’ont pas versé ce sang, et nos yeux n’ont rien vu. Pardonne à Ton peuple Israel …”
(DEVARIM 21,7-8)

Nous sommes entrés cette semaine dans le mois de Eloul. C’est le mois qui va nous conduire à Roch Hachana, le jour du jugement.
Il y a une plus grande proximité avec D., les portes sont ouvertes, Il nous attend, à nous donc de faire ce qu’il faut.

Cette semaine, nous lisons la Paracha Chofetim, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel, avant que le peuple entre en Israel.

La paracha termine par la procédure à mettre en place quand il y a eu eu un meutre, que l’on trouve le cadavre en dehors de la ville, et que l’on ne sait pas qui est le meurtrier.

La Torah demande aux anciens de la ville la plus proche d’apporter une génisse, dont on brisera la nuque. Cette procédure nous fait comprendre que nous sommes responsables de ce qui se passe autour de nous.

Rashi nous dit : peut-on penser que ce sont les anciens du Tribunal Rabbinique qui sont les meurtriers ?

Alors pourquoi disent-ils “nos mains n’ont pas versé ce sang” (verset en entête) ? Pour que l’on comprenne que l’on aurait pas dû les laisser partir sans leur donner de nourriture et sans escorte.

Les Cohanim, présents lors de la procédure de la génisse disent : “Pardonne à ton peuple …” (verset en entête).

Mais comment peut-on comprendre cette prière, cette demande de pardon ? D. a décidé de punir, D. a décidé que l’homme est coupable, comment une prière peut-elle faire changer les choses ?


Cette question que l’on pose pour la procédure de la génisse, le Rav l’a posée, la semaine dernière dans sa dracha de Chabbat. [Je vais tenter d’en rapporter une partie, s’il y a des erreurs, c’est que j’ai mal compris]
En effet, nous entrons dans le mois de Eloul, c’est un temps de l’année où la prière prend de plus en plus d’importance.
Comment comprendre qu’avec nos prières nous pouvons faire changer les décrets divins ?

Si M. X est considéré comme coupable, comment une prière devant D. pourrait contribuer à son acquittement devant D. ?

Le Rav a cité le Sefer Ha Iqarim du Rav Yossef Albo (15è siècle, Espagne). Il nous explique que l’homme qui prie se transforme. Après sa prière, l’homme n’est plus le même homme, il est donc logique que le jugement divin soit différent : D. ne juge plus le même homme.

On comprend donc que l’on prier pour soi, et se changer. Ainsi transformé, on peut se présenter devant D. et être jugé positivement.
Mais l’explication du Rav Yossef Albo n’est pas suffisante. En effet comment comprendre que je peux prier pour mon prochain ? La question a été soulevée, entre autres, par le Mahari Ibn Habib.

Exemple : Si David prie pour lui-même, il se transforme et donc le jugement peut être différent. Mais si David prie pour Reuven, comment le jugement de Reuven peut-il changer ? Ce n’est pas Reuven qui se transforme quand on prie pour lui.


La réponse peut venir des versets en entête de notre paracha. Nous sommes tous responsables de ce qui passe autour de nous.

Si un événement me touche, au point que je prie pour mon prochain, c’est que je me sens responsable de lui. Je suis affecté par la situation de mon prochain. Je souffre (pas autant que lui probablement) des problèmes qu’il rencontre. En priant pour mon prochain, je vais donc me transformer, je ne mériterai plus donc de souffrir de la peine de mon prochain, il sera donc soulagé de son problème.

La Torah veut que nous comprenions que nous ne vivons pas en vase clos. Nous avons un rôle à jouer. Nous pouvons changer le monde. C’est le sens des mots du début de la Amida. Nous nous adressons à D. en disant qu’Il est notre D. et le D. de nos Pères. Logiquement, nous aurions dû dire qu’IL est le D. de nos Pères (Avraham, Yts’haq et Yaaqov) avant d’être notre D.

Mais, non ! Nous implorons d’abord Notre D. ! Nous devons nous débrouiller pour qu’Il soit Notre D. ! C’est un programme de vie ! Nous devons servir D. pour grandir, et que nous puissions dire qu’Il est notre D. Ce n’est pas seulement D. hérité de nos Pères, nous devons travailler pour innover, influencer, changer le monde comme l’ont fait nos Pères !

CHABBAT CHALOM
Stéphane Haim COHEN
www.limud.net