Emor 5784

" Vous compterez pour vous à partir du chabbat [lendemain du jour de repos =premier jour de Pessa’h]…sept semaines complètes."
(VAYIQRA 23,15).

La paracha commence par des lois propres au cohanim. Emor, c'est aussi par la présentation des fêtes de la Torah.
A l’intérieur du thème des fêtes, la Torah demande de compter le Omer : depuis le lendemain de Pessa’h jusqu’à Chavouot (il y a 49 jours à compter), " Vous compterez pour vous à partir du lendemain du jour de repos …" (VAYIQRA 23,15). Comme en ce moment, nous comptons le Omer, au bout duquel nous fêterons Chavouot.


Voici une partie de ce qu’est j’ai pu comprendre d’une partie d’une dracha du Rav Avner Hazout.
Le Omer, c’est en fait une mesure (un volume). La première fois que l’on découvre ce terme dans la Torah, c’est dans la paracha Bechala’h. Les Bné Israel, sont sortis d’Egypte, ils ont traversé la Mer des Joncs. Mais, ils ont faim, ils se plaignent. Ils vont recevoir la Manne. Un omer par personne.
Cette manne, cette nourriture du désert, va permettre de préparer les Bné Israel au don de la Torah. La manne c’est le symbole du matériel. La quantité per capita de manne était limitée : un Omer. Je dois comprendre, que si je veux recevoir la Torah, de dois limiter l’importance du matériel. Je ne peux pas jouer sur les 2 tableaux.

Dans les Maximes des Pères, nous avons lu : “La jalousie, la recherche des plaisirs, et la poursuite des honneurs font sortir l’homme du monde”. La manne, c’est la nourriture magique. Avec la manne, finie la jalousie, tout le monde reçoit la même quantité (un omer). Avec la manne, finie la recherche des plaisirs, la manne est le pain spirituel qui satisfait tous les goûts. Avec la Manne, finie la recherche des honneurs. En effet, même celui qui stocke la manne, et qui veut se vanter face aux autres. On ne peut pas conserver la manne, celui qui veut stocker, voit la manne moisir.

Ce Omer de manne est donc le symbole de la préparation au don de la Torah. La Torah me montre le chemin.

La manne va s’arreter de tomber un peu avant que le peuple entre en Israel avec Yeochoua. Et la première fois que l’on apportera l’offrande Omer, c’est le 16 Nissan, après l’entrée du Peuple sur la Terre d’Israel. Cette offrande sera apportée à partir de ce qui pousse sur la terre (l’orge). On comprend ainsi que le rôle de la manne sera désormais tenu par l’offrande Omer. C’est cette offrande qui nous fera garder les pieds sur terre. C’est la préparation au Don de la Torah.

 

A partir d’ici, je reproduis un commentaire envoyé en 5781
Le Rav Zacks zal
relève plusieurs difficultés du passage de la paracha  (cité en entête) :

1/ La fête de Chavouot est une fête sans date. Elle dépend uniquement de Pessa’h. D’ailleurs, à l’époque où le calendrier était établi selon les témoins qui avaient vu la lune, Chavouot ne tombait pas toujours le 6 siwan, comme c’est le cas aujourd’hui.

2/ Le point de départ du compte des 49 jours n’est pas clairement précisé dans la Torah. On peut lire “le lendemain du chabbat”. Notre tradition, héritée des pharisiens, a traduit par le lendemain de Pessa’h. En revanche, les sadducéens ont préféré collé au texte. Ils commencent à compter le lendemain du chabbat… Aujourd’hui, chez les chrétiens, on a toujours le dimanche de Pâques, et celui de Pentecôte.

3/ Chavouot, c’est la fête de quoi ? La Torah qualifie Chavouot de la fête de la moisson. On y associe aussi les prémices, les premiers fruits. La dimension semble être essentiellement agricole. Alors que les 2 autres fêtes, Pessa’h et Soukot ont aussi une dimension historique, en plus de l’aspect agricole, on ne trouve pas dans la Torah la dimension historique de Chavouot.

Notre tradition identifie Chavouot à la fête du don de la Torah, la date de la révélation sur le Mont Sinaï. Toutefois, la référence de chavouot  au Don de la Torah n’est pas explicitement écrite.
C’est pourquoi, les sadducéens n’ont retenu que la dimension agricole de Chavouot. Les sadducéens, c’était un peu la classe dominante, les propriétaires terriens. Chavouot était donc une fête essentielle pour eux. Pessa’h symbolisait la sortie d’Egypte, le début du voyage. Soukot, c’est le voyage, les 40 ans dans le désert. Et pour les sadducéens, Chavouot, c’est la fête agricole, cela signifie que c’est la fin du voyage, l’arrivée en Israel, là où l’on vivra désormais du produit de la Terre et plus de la manne.

Pour  les sadducéens, la dimension historique de Chavouot est donc claire : l’agriculture, c’est l’histoire. L’arrivée en Israel à l’époque de Josué, vivre du produit de ses propres mains, c’est cela la fête de Chavouot.
Il n’est pas étonnant que les sadducéens ont périclité après la destruction du Temple et l’exil. Si Chavouot est une fête nationale, comment la fêter si on a perdu la Terre ? Celui dont l’identité religieuse était fondée sur la terre, n’a pas pu survivre.

Notre peuple est l’héritier des pharisiens, qui ont vu Chavouot comme la fête du don de la Torah. Et la Torah a survécu en Exil. Pendant 2000 ans, la Torah, qui a été donnée dans le désert, nous a accompagnés. C’est elle l’identité de notre peuple.
 

Attention, il ne faut pas croire que les pharisiens aimaient moins la terre d’Israel que les sadducéens. Ils savaient que l’on ne peut appliquer complètement la Torah qu’en Israel. Ils ont souffert d’être privés de la Terre d’Israel. Ils ont langui la Terre d’Israel. Ils ont prié pour la Terre d’Israel.
Aujourd’hui, comment ne pas être reconnaissant ? Nous pourrons fêter dans un peu plus de 2 semaines, Chavouot sur la Terre d’Israel. Que D. protège l’humanité, et que nous puissions créer une société exemplaire en Terre d’Israel, ainsi, nous accueillerons le machia’h, bientôt !

Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN

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