Ki Tetse 5783

« Les pères ne mourront pas à cause des enfants, et les enfants ne mourront pas à cause des parents, chacun mourra par sa [propre] faute»
(DEVARIM 24,16)

Cette semaine, nous lisons la Paracha Ki Tetse, comme dans la plupart des parachyot du dernier livre de la Torah, Moshé donne ses recommandations aux Bné Israel, avant que le peuple entre en Israel. De nombreuses lois sociales sont rappelées dans notre paracha.

Rashi, sur le verset en entête, explique que les parents ne mourront pas à cause du témoignage des enfants. En effet, il rapporte la dracha que l’on trouve dans la guemara Sanhédrine 27b :
Si c’est pour nous dire que les enfants n’ont pas à payer pour la faute des parents, et inversement, cela on le sait déjà! La fin du verset nous dit : “chacun mourra pas sa faute”. Alors forcément, le début du verset nous apprend autre chose : un fils ne témoignera pas contre son père, et inversement.

En tout état de cause, le verset en entête traite aussi de la responsabilité individuelle : on ne peut pas payer pour les fautes d’un autre.
Le Rav Zacks zal, dans Sig VeSia’h, relève ce verset, et le met en regard d’un autre verset de la Torah, qui semble dire le contraire.
Dans la paracha Ki Tissa, on lit que D. “compte les fautes des parents sur les enfants, les petits enfants, la troisième et la quatrième (génération).” Chemot 34 ,7

Il y a donc une contradiction évidente : la Torah veut-elle que l’on paie pour les fautes de ses parents ? ou bien c’est chacun son compte?

Le Rav Zacks explique que l’on peut tenter de lever la contradiction apparente en précisant que le verset de Chemot parle de la justice Divine : D. qui sait tout, compte les fautes des parents sur les enfants. En revanche, pour la justice des hommes, c’est chacun pour sa peau.

Mais cette réponse est difficilement audible : est-ce juste que les enfants paient pour les fautes des parents ? Le Rav Zacks explique ainsi que nos sages ont souligné le caractère essentiel de la responsabilité individuelle: on ne peut pas payer pour les fautes de ses parents. C’est pourquoi ‘Hazal (nos sages) disent que les enfants paient pour les fautes des parents, s’ils continuent dans la même voie que leurs parents.
On peut même aller plus loin, comme le Rambam et expliquer que tout celui qui a la possibilité de s’opposer à un fauteur et qu’il ne le fait pas, alors il paiera avec le coupable. Pour les enfants, on peut envisager la même chose : s’ils ont la possibilité de s’opposer aux fautes de leurs parents, et qu’ils ne le font pas ils sont responsables.

Déjà pendant la révolte de Qora’h, Moshé avait dit : “un homme faute, et c’est sur toute l’assemblée que Tu te mets colère ?” Bamidbar 16,20.

La Torah privilégie donc la responsabilité individuelle à la responsabilité collective.

Le Rav Zacks explique que la responsabilité individuelle présente deux facettes :

  • Pénalement, c’est chacun pour sa peau
  • Moralement, nous sommes responsables de nos frères au sens large.

Cette responsabilité individuelle morale est bien plus difficile à définir et à mettre en oeuvre. Mais, de toute façon, la Torah veut que je sois attentif à la santé spirituelle de mon prochain. Le Rambam écrit dans le Sefer Hamitswot (Assé, 205) : “On ne peut pas dire, du moment que Je ne faute, si l’autre faute, c’est entre lui et D.! c’est le contraire de la Torah”.

Cette responsabilité morale est encore plus indispensable dans les relations parents-enfants ! La Torah insiste à de nombreuses reprises sur la nécessité d’éduquer les enfants. On ne peut pas dire : laissons s’épanouir, il ne faut rien leur imposer, ils décideront quand ils seront grands… éduquer c’est inculquer des valeurs. Je dois forcément choisir un chemin à proposer à mes enfants. Je dois lui donner les bons outils, pour ensuite apprendre à choisir. Je dois l’aider à développer son esprit critique.


C’est un ainsi que la société évitera de se désagréger. Je suis responsable du futur de mes enfants, de mes proches, de la société… et si je ne tiens pas mon rôle le retour de bâton sera terrible.

 

CHABBAT CHALOM
Ketiva Va Hatima Tova

Stéphane Haim COHEN

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