"Et ce sera la loi du Metsora…"
(VAYIQRA 14,2)
Cette semaine nous lirons la paracha Tazria ainsi que la paracha Metsora
Ces parachiot sont essentiellement consacrées aux problèmes de pureté et d’impureté. Plusieurs types d’impureté sont présentés, entre autres :
- L’impureté de la femme après qu’elle ait donné naissance à un enfant. Cette forme d’impureté n’est pas un jugement de valeur (la femme n’est pas inférieure à l’homme !). C’est un concept spirituel qui n’est pas évident à comprendre, mais qui a des incidences matérielles. Ainsi, par exemple, la femme est interdite à son mari tant qu’elle n’est pas redevenue « pure ».
- L’impureté qui provient de la Tsaraat = certaines tâches sur la peau, sur des vêtements ou sur les murs d’une maison. C’est une maladie qui existait à l’époque du Temple. La Tsaraat frappait l’auteur de médisance = Lachone Harah. Rappelons que le Lachone Harah est le fait de rapporter une parole, même vraie, sur son prochain, cette parole étant susceptible de lui nuire.
Le verset en entête, est le début de la PARACHA METSORA. Volontairement, "Metsora" n'a pas été traduit car c'est la personne atteinte d’une maladie, que certains traduisent par "lèpre", mais qui est en fait une maladie inconnue de nos jours et qui a une cause spirituelle.
Ainsi, dans la guemara Ere’hine 15a, Rich Laqich explique le verset en entête. « Ce sera la loi du Metsora » = Motsi Ra’ = Celui qui fait sortir du mal… c’est la référence au Lachone Ara, la médisance. La tsaraat frappe l’auteur du Lachone Ara, celui qui utilise mal sa bouche, celui qui en fait sortir du mal.
La bouche est magnifique, lorsque les mots qui en sortent ne sont pas problématiques !
Le Rav Sacks zal, dans Sig VeSia’h, Paracha Metsora, nous rappelle quelques fondamentaux.
Il cite le Rambam (Hala’hot Deot 7,3) :
“Il y a 3 fautes pour lesquelles l’homme est puni dans ce monde, et en plus il n’aura pas de part dans le monde futur : l’idolâtrie, les rapports interdits, et verser le sang innocent. La médisance pèse autant que tous ces péchés.
Celui qui fait de la médisance, c’est comme s’il ne croyait pas en D.”
Et oui ! les dommages créés par la médisance sont terribles.
Le Rav Sacks rappelle ce qui s’est passé au 13è siècle à propos des livres du Rambam. Les partisans du Rambam voyaient en lui un des plus grands maîtres du Judaïsme. Ses détracteurs dénonçaient ses écrits qui contredisent la foi, et poussent à être renégats.
Le feu de la discorde s’est étendu. Chaque camp a tenté de convaincre les autres. Il a fallu dénigrer, il a fallu colporter pour tenter de défendre sa thèse. Le judaïsme français et espagnol se sont enfoncés dans ce trou noir. En 1232, conséquence de ces luttes intestines, les moines dominicains ont brûlé les écrits du Rambam. Comment en est-on arrivé là ?
Si les chrétiens ont brûlé les livres du Rambam, il est certain que c’est parce que des juifs sont venus se plaindre auprès de ces moines de la dangerosité de ses écrits. La médisance ! le colportage !
Et nous nous sommes punis tout seuls. Environ 10 ans plus tard, à Paris, on a fait brûler tous les exemplaires du Talmud qu’on a trouvé : un des plus grands malheurs qui a touché le judaïsme au moyen âge.
Et qui a montré l’exemple ? C’est nous ! La désunion, la haine, les dénonciations, le colportage, … Au bout du compte, nous avons bien payé la médisance. Le peuple se dispute au nom de D., au nom d'une idéologie, et nous l’avons payé au comptant.
Prions pour que nous tirions les leçons du passé, pour ne pas tomber aujourd’hui dans le même piège.
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN
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