"Et ce sera la loi du Metsora…"
(VAYIQRA 14,2)
Le verset en entête, est le début de la PARACHA METSORA. Volontairement, "Metsora" n'a pas été traduit car c'est la personne atteinte d’une maladie, que certains traduisent par "lèpre", mais qui est en fait une maladie inconnue de nos jours et qui a une cause spirituelle.
Ainsi, dans la guemara Ere’hine 15a, Rich Laqich explique le verset en entête. « Ce sera la loi du Metsora » = Motsi Ra’ = Celui qui fait sortir du mal… c’est la référence au Lachone Ara, la médisance. La tsaraat frappe l’auteur du Lachone Ara, celui qui utilise mal sa bouche, celui qui en fait sortir du mal.
La bouche est magnifique, lorsque les mots qui en sortent ne sont pas problématiques !
A Pessa’h, nous parlerons le soir du Seder. Pessa’h = Pé Sa”h = la bouche qui parle. Nous utiliserons notre bouche, pour nous transformer et pour vivre une nouvelle fois la sortie d’Egypte.
Cette semaine, j’ai lu le 2è chapitre du Messilat Yecharim. Il traite de la Zehirout = la nécessité de faire attention à nos actes.
En voici quelques extraits :
Le prophète Yirmiyaou se désolait des travers de ses contemporains qui agissaient sans penser.
….כֻּלֹּה, שָׁב במרצותם (בִּמְרוּצָתָם), כְּסוּס שׁוֹטֵף, בַּמִּלְחָמָה
…Tous ils reprennent leur course,comme un cheval qui se précipite au combat
(Jérémie 8,6)
Le Messilat Yecharim explique que cela fait référence aux gens qui courent et ne se laissent pas de temps pour peser et analyser leurs actions. Ils tombent dans le piège du mauvais penchant, sans s’en rendre compte.
Le mauvais penchant nous pousse à courir toujours plus, à nous créer des occupations. Il nous ôte notre dimension humaine : nous arrêtons de penser.
Le Messilat Yecharim compare cette nature profonde qui nous pousse à la paresse intellectuelle, qui nous pousse à ne pas penser nos actes et agir comme des machines à la stratégie de Pharaon avec les Bné Israel en Egypte.
"תִּכְבַּד הָעֲבֹדָה עַל-הָאֲנָשִׁים…"
“Qu’on alourdisse la charge de travail sur les gens…” Chemot (5,9)
Pharaon avait l’intention de priver les Bné Israel de leur temps. Il ne fallait plus avoir ni temps, ni le goût de penser. Le danger vient de ceux qui pensent, et qui pensent avant d’agir. Pharaon ne veut que des esclaves … il fait tout pour que les Bné Israel ne se mettent pas à penser. Et c’est ainsi, que notre mauvais penchant agit.
A Pessa’h, nous tenterons de vivre la sortie d’Egypte. Nous devrons nous transformer. Nous devrons passer du statut d’homme esclave, qui ne pense pas ses actes, à celui qui décidera de penser ses actions.
L'effervescence que nous vivons dans les préparatifs de Pessa’h, les nombreuses tâches à accomplir… Avant Pessa’h, nous n’avons pas une minute à nous ! C’est la course !
Et si c’était aussi l’objectif ? Toute cette chasse au ‘Hamets… Toute la course pour préparer la fête, peut nous rabaisser au statut d’homme qui agit sans penser ses actes.
Mais c’est ainsi, que nous vivrons la délivrance le soir du Seder. Nous pourrons ainsi mesurer la différence entre un robot qui agit uniquement, et un rosot (non un roseau !) pensant ! Sortir d’Egypte, signifie aussi commencer à ne plus agir comme une machine !
Sortir d’Egypte c’est décider de grandir et de dépasser le confort artificiel de la non pensée!
Sortir d’Egypte c’est écouter le prophète Hagay “Faîtes attention à votre manière d’agir” (Hagay 1,5). PESER et PEnSER ses actes avant d’agir !
Chabbat Chalom
Pessa’H Cacher Ve Samea’h
Stéphane Haim COHEN
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