Michpatim 5782

« Et s’il dit, l’esclave : J’aime mon maître, ma femme, mes enfants, je ne sortirai pas en liberté »
Chemot (21,5)

La Paracha Michpatim présente essentiellement des mitswot « sociales » qui régissent les relations entre l’homme et son prochain.
Le verset en entête parle de l’esclave juif, qui s’est vendu à un autre juif, car il ne pouvait plus subvenir à ses besoins. Cet homme peut aussi avoir été vendu en esclave car il a volé, et n’a pas pu rembourser son larcin. Le tribunal l’a donc condamné à être vendu pour dédommager sa victime.
De la même façon que les 10 paroles (les 10 commandements, dans la Paracha précédente, YITRO) proviennent du Mont Sinaï, le lieu de La Révélation, les lois sociales sont aussi issues du Mont Sinaï (Rachi). Et les lois sociales, on les commence par le bas de l’échelle. Le malheureux, l’esclave, c’est de lui dont on s’occupe en premier.
Rappelons ce que nous disent nos maîtres : celui qui acquiert un esclave, acquiert un maître. En effet, la Torah vient encadrer les relations maître-esclave.
L’esclave juif doit travailler au maximum 6 ans. Dans certains cas, le maître peut donner une seconde épouse à son esclave. Si l’esclave était déjà marié (avant de devenir esclave), alors le maître pourra lui donner une esclave non-juive.
Dans un tel cas, au bout des 6 ans, si l’esclave veut rester chez son maître, il pourra rempiler. C’est ce que nous dit le verset en entête. Si l’esclave dit “J’aime mon maître, ma femme, mes enfants…” alors il pourra s’engager à nouveau jusqu’au Yovel.
Précisons :
seul l’esclave qui était déjà marié (à une juive) peut recevoir une autre épouse
afin de pouvoir prolonger après les 6 ans, il faut être en mesure de dire  “J’aime mon maître, ma femme, mes enfants…”. Et cela fait référence à la femme non juive à laquelle l’esclave s’est lié.
par conséquent, en aucune manière, un esclave qui n’était pas marié, peut rempiler et travailler jusqu’au Yovel.
Question :
Pourquoi un esclave qui arriverait sans être marié ne peut pas continuer à travailler chez son maître ?
Ce maître l’a accueilli, l’a nourri, s’est occupé de lui à un moment où la famille de l’esclave a peut-être été défaillante. Ce maître, c’est peut être la seule famille de l’esclave. Alors pourquoi, si l’esclave demande à rester chez son maître, la Torah refuse ?
Pourquoi la Torah choisit de ne pas accepter la volonté de l’esclave ? Tout simplement, parce que, ce que l’esclave veut, n’est pas bon pour lui.
On apprend d’ici que l’on peut être persuadé de vouloir ce qui est bien pour nous… et pourtant, on se fourvoie. L’esclave veut vraiment rester avec son maître. Il est perdu à l’idée de se retrouver dans la nature, il va être malheureux. Et pourtant, la Torah lui dit va-t-en. Quitte ton maître.
Et nous, combien de fois sommes-nous persuadés d’agir pour notre bien alors que nous tombons dans un piège ?
Pourquoi, nous aussi, décidons-nous de nous comporter comme des esclaves et de choisir ce qui nous aliène, au lieu de choisir La Liberté ?

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN