Miqets 5782 et ‘Hanouka

 «Et ce fut, au bout de 2 ans, Pharaon fit un rêve ...»
Berechit (41,1).

La paracha de la semaine nous raconte l'ascension surnaturelle de Yossef dans la société égyptienne. Il était dans une obscure prison à la fin de la paracha Vayechev (Chabbat dernier), et voici qu'il va devenir vice-roi d'Egypte.
Cette promotion sociale vient du fait que Yossef saura expliquer le rêve de Pharaon. En prison, déjà il avait expliqué le rêve du préposé au vin (Sar Hamachqim) de Pharaon.  

Cette semaine, c’est aussi le chabbat de ‘Hanouka. Vendredi soir, avant l’entrée du chabbat, nous allumerons la 6è bougie.

Rappelons, que nous commençons le premier jour avec une bougie (sans compter le chamach), et chaque jour, jusqu’au 8è jour, nous ajoutons une bougie. Nous suivons la vision de Beth Hillel. Beth Chamay, de leur côté, avaient demandé que l’on allume 8 bougies le premier jour, et que l’on enlève une bougie chaque jour.

En résumé, pour Beth Hillel, on augmente d’une bougie chaque jour, pour Beth Chamay, on enlève une bougie chaque jour.

Pour le Omer, que l’on compte de Pessa’h à Chavouot, on augmente aussi chaque jour d’une unité. Alors que l’on pourrait compter le temps qui nous sépare de Chavouot, qui va en diminuant, la Torah a préféré nous faire compter les jours qui passent.

Imaginons quelqu’un qui a le bras dans le plâtre. Il pourrait très bien compter les jours qui le séparent du moment où on lui enlèvera son plâtre. Mais il peut aussi choisir de compter le temps qui passe.

En fait, il y a 2 façons de voir les choses. On peut considérer les progrès accomplis chaque jour, mais on peut aussi se focaliser sur le futur, sur ce qu’il reste à accomplir.

En s’intéressant uniquement au futur je risque d’être perpétuellement malheureux. Je ne vis pas le présent, et j’attends le futur en espérant m’accomplir.

Beth Hillel s’intéressent aux jours qui passent, aux acquis, au présent. Beth Chamay s’intéressent au potentiel. Le premier jour de ‘Hanouka, la fiole d’huile contient 8 jours de miracle en potentiel. Beth Chamay s’intéressent donc plus à ce qui se passera, qu’au présent.

Comme l’expliquait cette semaine le Rav Eisenbach, Chalia’h ‘Habad à Paphos, on retrouve la même divergence de vue pour la date du nouvel an des arbres. Beth Hillel pensent que c’est le 15 chevat, la date du début des bourgeons. Beth Chamay pensent que c’est le 1er chevat, tout simplement parce que le premier du mois, les bourgeons sont déjà là en potentiel.

On peut décider de prendre la vie au présent, de considérer les acquis, au fur et à mesure qu’ils arrivent. Et ainsi, je progresse… petit à petit.

En vivant focalisé sur le futur je risque de passer à côté de ma vie.

Yossef, au début de la paracha sort de prison, après 2 ans de supplément (dernier rashi de la paracha de la semaine dernière). Il avait placé sa confiance dans le maître échanson, en lui demandant de parler pour sa libération. En fin de compte, ce sera le maître échanson qui le fera sortir, en parlant de ses capacités à interpréter les rêves à Pharaon.
Mais comment en est-on arrivé là ? Yossef était devenu le “premier prisonnier”, celui qui dirige tout dans la prison. Il aurait pu se morfondre, se plaindre de son sort … et bien non, il a pris les choses comme elles venaient. Un jour, il voit que 2 prisonniers “font la tête” … en anglais on dit qu’ils sont “mcheune”. Et il leur demande ce qui ne va pas pour eux; Encore une fois, il aurait pu penser au passé, à l’erreur judiciaire qui l’a envoyée en prison. Il aurait pu penser au futur, au jour où il serait libre. Et bien non, il vit au présent, il prend la vie comme elle vient. Chaque jour est un cadeau, et il essaie de valoriser ce cadeau. Yossef vit son présent, et décide de la valoriser en ayant le souci de l’autre. C’est cela qui le sauvera !

Stéphane Haim COHEN