"Il prit, Kora'h, fils de Yitshar, fils de Kehat fils de Lévi, et Datane et Avirame fils de Eliav, et One fils de Peleth les fils de Réouven"
(BAMIDBAR 16,1)
La Paracha de la semaine expose la révolte de Qora'h et de ses acolytes. Qora'h revendique le poste de Cohen Gadol (Grand Prêtre). Il reproche à Moshé d'avoir injustement nommé Aaron, son frère, comme Cohen Gadol.
Ils se révoltent donc contre l'autorité de Moshé et par voie de conséquence contre D.
Ces révoltés finiront engloutis par la terre.
Le premier verset est une intrigue. La premier verset nous dit Qora'h a pris… mais on ne sait pas ce qu'il a pris !
Rashi explique que Qora'h s'est pris lui-même. Il s'est mis en dehors de l'assemblée. Il a créé une scission, une dispute.
Le Rav Sacks zal, l’ancien Grand Rabbin du Royaume Uni s’attarde sur cette nouvelle révolte.
Je présente ici quelques idées du Rav Sacks sur la paracha. C’est tiré de son livre Sig Ve Sia’h, Paracha Qora’h. Le Livre Sig Ve Sia’h est la version en hébreu de Covenant & Conversation. Une version française est sortie : “Les voix de l’Alliance”.
Le Rav Sacks nous explique qu’à première vue les arguments de Qora’h sont recevables ! Toute l’assemblée est sainte! dit Qora’h. C’est, semble-t-il un vrai anarchiste qui se révolte contre la concentration des pouvoirs.
La Torah qualifie les Bné Israel de Peuple de prêtres, un peuple saint. Tout un chacun a un rôle essentiel à jouer ! Tout un chacun a le droit à un destin national !
Le problème vient de l’hypocrisie de Qora’h. En fait, Qora’h ne réclame pas la promotion sociale pour tous. Qora’h ne revendique pas une nation composée uniquement de chefs, ou une nation sans chef. Qora’h revendique le poste de Cohen Gadol.
D’ailleurs Qora’h s’est allié avec d’autres déçus : Datane et Aviram de la tribu de Reuven, 250 princes de l’assemblée. Mais, nous savons bien que ce qui a uni les révoltés c’est uniquement leurs revendications contre Moshé et Aaron. Nous savons bien que si Qora’h est exaucé et devenait Cohen Gadol, alors tout le reste de la troupe serait déçu.
Mais, Moshé n’est pas touché par ces revendications. C’est seulement après que les révoltés aient qualifié l’Egypte, la terre de l’esclavage, de pays où coule le lait et le miel que Moshé décide de combattre ces révoltés. Moshé ne supporte pas l'ingratitude envers D.
Qualifier l’Egypte de pays merveilleux, c’est s’opposer à D.
Moshé comprend clairement que cette dispute n’est pas saine, elle n’est pas “Le Chem chamayim”, comme nous le disent les Maximes des Pères.
Le rav Sacks explique que la discussion, voir les disputes, les oppositions constituent l’elixir de vie du peuple Juif. Le Talmud est rempli de discussions. Ce n’est pas grave de s'opposer, c’est ainsi que l’on progresse.
Nos grands, nos pères ont même argumenté devant D. : Avraham, Moshé, Yirmiyahou, Job. On dit bien, que la Torah a 70 visages.
Alors pourquoi certaines disputes nous élèvent, et d’autres font chuter, à l’instar de Qora’h ?
En fait, la révolte, la dispute, la discussion qui a pour but la recherche de la vérité est toujours salutaire. En revanche, la dispute pour la force ou le pouvoir fait des dégats considérables.
D’ailleurs, précise le Rav Sacks, il n’est pas étonnant que le marxisme a semé l’idée qu’il n’y a pas de vérité. Cette théorie s’est répandue avec le post-modernisme et le post-colonialisme. Le monde est vu comme une lutte de classes, comme des rapports de force.
On s’oppose désormais pour prendre le pouvoir, pour imposer sa force, et sûrement pas pour découvrir la vérité. Ce sont des luttes stériles.
Et aujourd’hui, même dans les prestigieuses universités américaines, on retrouve ces disputes pour imposer sa force. On n’argumente plus pour s’approcher de la vérité. On préfère bâillonner l’autre. L’essentiel est d’écraser l’autre, lui interdire le droit d’exister.
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN
www.limud.net