Tazria 5782 - Chabbat Ha’Hodech

"Parlez à l’assemblée d’Israel en disant : le 10 de ce mois ci, ils prendront pour eux, chaque homme, un agneau par maison paternelle, un agneau par famille"
(Chemot, 12,3)

 
Cette semaine nous lirons Tazria. On nomme aussi ce chabbat Ha'hodech par référence au mois de Nissan dans lequel nous allons entrer.
La paracha Tazria est essentiellement consacrée aux problèmes de pureté et d’impureté. En particulier 2 types d’impureté sont présentés :

  • L’impureté de la femme après qu’elle ait donné naissance à un enfant. Cette forme d’impureté n’est pas un jugement de valeur (la femme n’est pas inférieure à l’homme !). C’est un concept qui n’est pas évident à comprendre, mais qui a des incidences matérielles. Ainsi, par exemple, la femme est interdite à son mari tant qu’elle n’est pas redevenue « pure ».
  • L’impureté qui provient de la Tsaraat = certaines tâches sur la peau, sur des vêtements ou sur les murs d’une maison. C’est une maladie qu'on ne connaît pas (ou qu'on ne reconnaît pas) de nos jours.


Le verset en entête est issu de la paracha Bo, il est inclus dans le passage qu’on lira ce chabbat après Tazria. Ce passage commence par “Ha’Hodech” = le mois. Cela fait référence au mois de la sortie d’Egypte. On se rapproche de Pessah.

Du verset en entête, on apprend dans la guemara Kidouchine 42a:
Rabbi Yist’haq dit : est-ce que chaque homme peut prendre un agneau [comme on pourrait le croire à la lecture du verset] ? De là on apprend que l’envoyé d’un homme, c’est comme lui-même.

On apprend donc que l’on peut sous-traiter une tâche, ou plutôt une mitswa. On apprend que l’on peut se faire représenter, et malgré tout, on accomplit la mitswa.

A la page 23b de Kidouchine, on apprend par Rav Houna fils de Rav Yehochoua  que les Cohanim sont forcément les envoyés (représentants, chlou’him) de D.
Car, il est impossible de concevoir que les Cohanim soient les envoyés du peuple. En effet, un homme non-cohen (donc un Israel) ne peut pas apporter une offrande sur l’autel (car il n’est pas Cohen), il ne peut donc pas déléguer une tâche qu’il n’est pas en mesure d’accomplir.
On apprend ici un principe essentiel, pour déléguer, pour nommer un envoyé, je dois être d’abord être capable de réaliser la mission.

De même, dans le simane 269 du Choul’hane Arou’h Ora’h ‘Hayim, on apprend qu’un homme peut réciter le kidouch du chabbat pour d’autres personnes, bien que lui même se soit déjà acquitté de la mitswa (Michna Beroura). Au Simane 273/ Dalet, on lit clairement “ un homme peut faire le kidouch pour d’autres …”.

Le principe est clair, même s’il s’en est acquitté, ou même s'il va manger ailleurs, un homme peut acquitter son prochain de la mitswa de faire le kidouch. Il y a une solidarité au sujet des mitswot.

Mais encore une fois on ne peut acquitter quelqu’un uniquement si soi-même on est soumis au même commandement. Un enfant ne pourrait pas acquitter un adulte.

On déduit qu’une mitswa peut être sous-traitée. Mais attention, tant le commanditaire que le commandité doivent être soumis à la même obligation. Et le commanditaire ne peut pas se faire représenter pour accomplir une mission qu’il n’est pas capable d'accomplir.

C’est aussi un principe de gestion essentiel en entreprise. Je ne peux pas sous-traiter quelque chose que je suis incapable de faire. Pourquoi ? Où est la logique ?
Lorsque l’on confie une mission à un agent, il faut forcément pouvoir contrôler cet agent. Si je ne sais pas accomplir la mission, comment le contrôler ?
De même la meilleure autorité, est celle qui s’acquiert par la compétence. Si je demande à un agent d’accomplir une mission, et que je ne sache pas le faire moi-même, aurai-je vraiment l’autorité nécessaire (naturelle) pour que l’agent se conforme aux instructions ?

Dans le même ordre d’idée, dans une famille, on le voit bien, la meilleure éducation c’est l’exemple. Si je passe mon temps à dormir, ou devant un écran, si je ne fais pas d’effort, puis-je vraiment demander à mes enfants de faire des efforts ?

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN