Tetsawe 5785 - Chabbat Za’hor - Pourim

« Tu feras des vetements saints pour Aaron, ton frère, en gloire et en majesté »
(CHEMOT 28,2)

La Paracha Tetsawe est la suite logique de la Paracha de la semaine dernière (Terouma). Après avoir expliqué la construction du Michkan, le sanctuaire, la Torah présente le Cohen qui y travaillera. La Torah insiste donc sur les habits du Cohen, et sur les tâches que ce dernier accomplira.


Ce chabbat, nous lisons aussi le passage de Za’hor, l’obligation de se souvenir de ce que nous a fait Amaleq. En effet, ce passage est lu le chabbat qui précède Pourim.

Notre paracha présente une particularité. C’est la seule paracha de la Torah, depuis Chemot, qui ne cite pas le nom de Moshé. Moshé est caché dans cette paracha. De même dans la Meguila d' Esther que l’on lira à Pourim, le nom de D. n’apparaît pas. D. se cache.
Esther, est construit aussi sur la même racine que le mot niSTaR = caché.
Les vêtements cités dans le verset en entête sont aussi un moyen de cacher l'intériorité.


Cette semaine, j’ai étudié avec un ami le Mi’htav MeEliyahou sur Pourim, au sein du volume 2. Cela m’a fait du bien. J’ai eu l’impression de vivre Pourim… bien mieux qu’en se saoulant, ou en faisant des blagues.
Le Mi’htav MeEliyahou nous présente un chapitre sur le Miracle Caché, je vous le recommande vivement.
Il s’inspire beaucoup du Or ‘Hadach du Maharal (qu’il cite très souvent). Le Mi’htav MeEliyahou demande pourquoi la guemara Meguila 16, insiste tant sur l’offrande du Omer qui a contrebalancé la volonté de Aman d’exterminer le peuple juif. L’étude de Morde’hay des lois de l’offrande du Omer (1ere récolte d’orge de l’année) a vaincu les 10000 pièces d’argent donnés par Aman pour exterminer les juifs. Quel rapport entre l’offrande du Omer et Pourim ?

Le Mi’htav MeEliyahou explique que les miracles ne peuvent pas créer la foi en D.
Comme le dit le Rambam dans le Chapitre 8 de Yesodé Hatorah, celui qui croit en D. grâce aux miracles a une foi imparfaite. D’ailleurs tout dépend de celui qui voit les miracles. La génération de la tour Babel a vu le déluge qui a sévi au temps de Noa’h comme une simple catastrophe naturelle qui se produit toutes les X années.
Tout le monde n’a pas forcément la capacité de voir dans la nature la main de D.
Le Omer, l’offrande d’Orge étudiée par Morde’hay est le symbole du sacrifice venant de la nature. On  devait aller chercher de beaux épis, les premiers de l’année pour les sanctifier. C’est une offrande écologique, qui vient de la nature.


Cela nous permet de décerner la présence de D. dans la nature. Le midrach Raba de Vayiqra / Emor nous l’explique. Combien de miracles ont eu lieu avant de pouvoir récolter ces épis ! D. a envoyé du vent, des nuages et de la pluie au bon moment, au bon endroit. Des pousses sont sorties de la terre. Des épis se sont formés….
Le Maharal explique qu’à l’époque où on ne voit pas de miracles dévoilés, à l’époque où l’on pense que le monde avance selon des lois immuables, le Omer doit nous permettre de déceler la main de D. au dessus de ce que l’on perçoit comme des lois naturelles. Et en décelant, l’intervention divine dans ce qui est caché, on a le mérite d’assister à des interventions divines, un peu moins cachées. C’est ce qui s’est passé à l’époque de de Pourim. Tous les événements semblent naturels. Le nom de D. n’apparaît pas dans la Méguila. Le Omer étudié par Morde’hai, à savoir la volonté de chercher D. dans la nature, dans le quotidien qui semble insignifiant, a contribué à apporter la délivrance.


En ouvrant les yeux, on découvre l’ampleur des miracles de Pourim. Aman a été pendu le 16 nissan, le jour où l’on apportait l’offrande du Omer au Temple. Le fait que tout se soit inversé, que ce qui devait contribuer à l’extermination du peuple juif, l’a en fait sauvé (Ve Naafo’h Hou), nous fait découvrir la Main de D.


Cela crée en nous une reconnaissance immense, une joie incommensurable, et donc une proximité avec D.
C’est cela, entre autres, le message de Pourim. La vie est une succession d’opportunités pour découvrir la Main de D. et pour atteindre la plénitude en se rapprochant de Lui.

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN

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