« Et ce fut lorsque Its'haq fut vieux et que la vue de ses yeux était assombrie…»
Berechit (27,1)
La paracha Toledot nous raconte une partie de la vie de Isaac et de sa femme Rivka. Au début de la paracha, Rivka met au monde des jumeaux : Esaw et Yaaqov. Ces derniers sont complètement différents : Esaw est un chasseur, un guerrier ; Yaaqov est un homme de Torah.
Dans cette paracha, Yaaqov achète le droit d’aînesse qu’Esaw dédaigne et méprise. A la fin de Toledot, grâce à la clairvoyance de Rivka, Yaaqov obtient toutes les bénédictions de son père Yts’haq, la bénédiction sur l’aspect matériel, puis celle du spirituel.
Le début de la paracha Toledot nous oblige à nous interroger. Rashi, rapporte le midrach qui relate ce que vivait Rivka quand elle était enceinte.
Elle alla au Beth Hamidrach de Chem pour qu'on lui explique ce qu'elle ressentait. En fait elle attendait des jumeaux.
Le midrach raconte que lorsqu'elle passait devant une maison d'étude, Yaaaov voulait sortir et lorsqu'elle passait devant une maison d'idolâtrie, c'est Esaw qui voulait sortir.
Ce midrach est vraiment bizarre, cela signifie donc que tout est joué d'avance, et que l'on n'y peut rien changer ! Tout dépend de la naissance, et gare à celui qui n'est pas bien né !
Mais Rashi, a évidemment vu ce problème. Et c'est peut-être pour cela qu'à propos du verset « les jeunes grandirent » (Berechit 25,27), Rashi apporte une explication qui semble sans rapport avec le sens premier.
Il nous dit que jusqu'à l'âge de 13 ans, les enfants n'étaient pas différents. Ils ont été élevés de la même façon, et leur nature paraissait identique.
Ce n'est qu'après l'âge de 13 ans, qu'Esaw se dirigea dans sa voie corrompue, et que Yaaqov se dirigea vers la maison d'étude.
En clair, l'homme naît et demeure libre. Et s'il devient tordu, c'est parce qu'il l'a voulu !
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Le verset en entête est l'introduction du passage dans lequel Yts'haq bénira Yaaqov au grand dam de Esaw.
Le Rav Shimshon Rafael Hirsch nous éclaire ce passage.
Intéressons d'abord à Yaacov. Il va se déguiser, se faire passer pour Esaw pour obtenir une bénédiction qui ne lui était pas destinée.
Yaacov se comporte ainsi uniquement parce qu'il obéit à l'injonction de sa mère. On n'a donc rien à lui reprocher, si ce n'est que même lorsque l'on obéit à ses parents, il convient de respecter les règles de morale.
En revanche, c'est l'attitude de Rivka qui est incompréhensible. Qu'espère-t-elle ? Qu'elle va pouvoir rouler Yts'haq ? Mais en fait, c'est D. qui donne la bénédiction ! Croit-elle qu'elle va pouvoir rouler D. ?
Croit-elle vraiment qu'elle va tromper Yts'haq en collant des peaux de chèvres sur la nuque et les mains de Yaacov ? Et de toute façon, Esaw rentrera, Rivka sait donc clairement que le subterfuge sera découvert ! Alors pourquoi une telle mise en scène ?
Avant de répondre, rappelons que Esaw, s'est marié à 2 filles qui descendent de 'Heth. Il est donc clair qu'Esaw tourne le dos au projet d'Avraham. Ceci aurait dû permettre à Yts'haq d'y voir clair. Il aurait du comprendre qu'Esaw n'est pas sur la bonne personne pour reprendre le flambeau. Et malgré, tout Yts'haq appelle son fils aîné Esaw, pour lui accorder la bénédiction.
En fait, Esaw avait roulé son père. Il utilisait les mots pour le tromper « Tsayid befive ».
Rivka avait vu la vraie nature de Esaw, et par conséquent, elle ne voulait pas que la bénédiction lui soit accordée. Elle s'opposait à Yts'haq.
Le verset en entête nous dit que Yts'haq était vieux, avant de donner la bénédiction. Rav Shimshon Rafael Hirsch nous explique que depuis longtemps, il avait voulu accorder sa bénédiction à Esaw, mais Rivka avait réussi à retarder l'échéance en s'y opposant.
Désormais, Yts'haq était décidé.
Rivka tente donc son va-tout. Yaaqov se présente donc comme un trompeur. Il est déguisé. Elle veut montrer à Yts'haq, à quel point il est possible de tromper quelqu'un ! Yaaqov, le bon élève, le tam, celui qui représente la vérité, se met à tromper son père. Pour Yits'haq, c'est l'électro-choc. Il comprend maintenant comment il avait été trompé par Esaw.
D'ailleurs, dès qu'Esaw se présente, et que les masques tombent, Yits'haq a peur, car il réalise ses erreurs du passé, et immédiatement il dit à propos de Yaaqov, « Gam Barou'h Yihyé » = il sera aussi béni.
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN