Vaye’hi 5783 - Responsable !

“Le sceptre ne quittera pas Yehuda, ni le législateur d’entre ses pieds jusqu’à que vienne Chilo, à lui sera une assemblée de peuple”
 (BERECHIT 49,10),

La paracha de la semaine conclut le livre de Béréchit. Le peuple des enfants d’Israel (Yaaqov) est à présent une entité à part entière, bien que résidant en Egypte.
Yaaqov, le troisième patriarche bénit, dans notre paracha, ses enfants, les 12 tribus, avant de rejoindre le monde de la Vérité.


Voici une explication du verset en entête, qui s’inspire largement de Rashi.
Le sceptre, symbole de la Royauté, du chef, du gouvernement ne quittera pas les descendants de Yehuda. De même les législateurs, ce sont les Princes, chefs du Sanhédrine, viendront de la tribu de Yehuda. En clair, le chef, le roi, le prince, le président du Sanhédrine … ils descendront de Yehuda… et même aux temps messianiques (Chiloh est un nom du machia’h, qui descend aussi de Yehuda). Les peuples viendront vers ce chef, et l’écouteront, lui demanderont conseil.


Pourquoi Yehuda a-t-il mérité la Royauté ?
Ce commentaire est largement inspiré de ce que j’ai écouté du Rav Benchetrit, en particulier sur https://www.youtube.com/watch?v=8S6FzTt4zY8
Bien évidemment, mes paroles n’engagent que moi, et j’ai peut être mal compris ce qu’il explique.

Revenons aux origines, Yehuda, étymologiquement, c’est construit sur le mot Hodé. Il reconnait … ses erreurs.
Devant Tamar, il a su reconnaître ses erreurs. Il aurait très bien pu dire que c’est de la faute à pas de chance, c’est de la faute de Tamar qui s’est prostituée, c’est la faute à la destinée… Et bien non, Yehuda, dit j’ai tort, et Tamar a raison.
En reconnaissant ses torts, Yehuda grandit. Il assume, il profite de l’expérience de vie pour s’élever. En reconnaissant ses torts, c’est sûr, il ne replongera une seconde fois ! La leçon est suffisamment dure ! Devant Tamar, Yehuda assume sa responsabilité, il devient plus responsable !


Lors de l’épisode de Yossef, Yehuda prend le leadership. Il ne veut pas que l’on tue Yossef. Il se sent responsable de son frère, il assume, il comprend qu’il risque de faire une grosse erreur. Il agit et sauve Yossef en le vendant en tant qu’esclave.


Pour négocier et prendre Binyamine devant Yossef en Egypte, Yaaqov écoutera Yehuda et non Reuven. Yehuda intervient, il prend l’initiative. Il se sent responsable du sort de la famille, du sort de Chimone resté en Egypte.
Le mot “responsable” en français est particulièrement intéressant. C’est à la fois être la cause d’un événement. Exemple : je suis responsable de l’échec du lancement de la navette Challenger.
Mais responsable, c’est aussi être le chef, le patron. Exemple : “Je suis le responsable de Nasa”.
On comprend ainsi que si l’on assume ses responsabilités, on grandit forcément, et l’on est digne de devenir le chef, le Roi.
 

En hébreu, on dit A’haraï pour responsable qui est construit sur A’HeR = l’autre. Le responsable voit l’autre comme quelqu’un à aider, et non pas comme la cause de ses problèmes.
Celui qui met tout sur la faute des autres, ne pourra jamais évoluer… Lui est parfait, le coupable c’est l’autre.
Celui qui met tout sur la faute des autres se rend tout petit puisqu’il admet (ou plutôt croit) que l’autre a décidé de ses malheurs ! Où est sa volonté ?

Trop facile de mettre tout sur le dos des parents, des enfants, des autres, du chien de la voisine… Si quelque chose me dérange, je dois le considérer comme une expérience de vie, une opportunité pour agir, me corriger ….
Le Roi, c’est celui qui se sent responsable. Yehuda sait qu’il est responsable, et que s’il n’agit pas il sera coupable. Si je suis responsable, si je sais que la réalité à laquelle je fais face m’est adaptée, j’ai le devoir d’agir et d’intervenir pour me changer et changer le monde. Yehuda est donc digne de devenir le chef, le Roi.


Yehuda se sent tellement responsable des événements qu’il ne peut s’empêcher d’agir. C’est l’empreinte du Roi.

A la fin des temps, même les nations cesseront de remettre leurs problèmes sur le dos des autres et ouvriront les yeux pour se corriger. Alors forcément, l’humanité reconnaîtra le Machia’h, descendant de Yehuda, qui sera l’exemple.


Chabbat Chalom.
Stéphane Haim COHEN
www.limud.net