Vayele’h 5783 - Chabbat Chouva

« Et Moi, Je cacherai Ma face en ce jour à cause de tout le mal qu’il a fait car il s’est tourné vers d’autres dieux. Et maintenant écrivez pour vous ce chant et enseigne le aux bné Israel, mets le dans leur bouche… »
(DEVARIM 31,18-19)

La première partie de ce commentaire a déjà été envoyée en 5777.
Nous venons de vivre Roch Hachana, nous avançons vers le grand rendez-vous de Yom Kippour, nous sommes dans les 10 jours de repentir, de retour vers nos valeurs.
La paracha que nous lirons cette semaine est une des dernières de la Torah. Moshé est sur le point de retourner vers D., il donne les dernières recommandations.
Ce chabbat s’appelle aussi Chabbat Chouva. Il est propice à la Techouva, au retour, au repentir.
Dans les versets en entête, D. annonce qu’Il va voiler Sa face, que l’on aura plus de mal à voir Sa présence. Ensuite, la Torah nous demande d’écrire « le chant ».

Au sens premier, nous comprenons que les Bné Israel ont fauté. Ils sont donc punis. D. va voiler sa présence. Le risque est donc grand d'oublier D.
La Torah nous demande donc d'écrire le chant qui suit, la paracha Haazinou.
Ce chant nous expliquera que bien que la présence divine soit voilée, D. est toujours là, nous ne devons pas L'oublier, nous devons continuer à Le servir.

Mais il y a aussi une autre lecture possible de la présence divine qui se voile. En fait, nous pouvons comprendre que ce n'est pas une punition. Il n'y a plus de miracles apparents, … peut-être, mais nous sommes devenus adultes, et nous pouvons rechercher D. tout seul, comme des grands !

Et D. où se cache-t-il ? Dans la Torah ! Le chant que l'on nous demande d'écrire c'est aussi plus largement la Torah dans son ensemble.
Les versets en entête peuvent se lire ainsi : « Et Moi Je cacherai Ma face [pour vous laisser grandir]…. Et maintenant écrivez ce chant [écrivez et étudiez la Torah si vous souhaitez Me découvrir]. C'est par l'étude que l'on pourra se rapprocher de La Vérité.

A l'orée de Chabbat Chouva, le message est clair : si nous sommes adultes, nous devons nous comporter en adulte.
L'enfant, on lui apporte tout sur un plateau, il ne réfléchit pas, il consomme !
L'adulte est responsable. S'il veut continuer à grandir intellectuellement, s'il veut se rapprocher de D. il faut le vouloir et FAIRE DES EFFORTS.


A partir d’ici, c’est écrit cette année.

En étudiant récemment avec un ami la dernière page du premier pereq de la guemara kidouchine (40b), nous avons lu :

Rabbi Chim’one ben Yo’hay dit : même si quelqu’un a été un juste parfait toute sa vie, et qu’il se révolte à la fin, alors il perd tous ses mérites et sera jugé comme un méchant (Racha). Parallèlement, celui qui a été racha toute sa vie, et qui se repentit à la fin (il fait techouva) alors on ne lui rappellera plus ses fautes lors du jugement.

L’édition Sotenschtein (note 8 sur la page) rapporte une idée du Rav El’hanan Wasserman. En effet, le Messilate Yecharim explique que le concept de Techouva est surnaturel. Si la loi était justement appliquée, on ne devrait pas annuler le passif du fauteur lorsqu’il regrette ses actions. C’est grâce à la Clémence divine que le concept de Techouva existe.

Pourtant, demande le Rav Wasserman, on voit bien dans notre guemara que celui qui regrette ses bonnes actions, alors on les lui annule. De même, mathématiquement, celui qui regrette ses erreurs, on lui pardonne. Il n’est donc pas question ici de Clémence Divine, mais uniquement de justice.

Le Rav Wasserman répond, d’après le ‘Hafets ‘Hayim, pour rétablir le Messilate Yecharim :

  1. L’aspect révolutionnaire de la Techouva, la Clémence, c’est que le passif est transformé en actif. Les fautes sont transformées en bonnes actions lorsque l’homme fait techouva par AMOUR.
  2. La clémence, “l’effet magique de la Techouva”, on le trouvera aussi pour celui qui fait Techouva par crainte. Bien que cette techouva vienne de l'extérieur, la crainte de la punition, le fauteur est pardonné.

La plus grande techouva, celle que l’on fait par amour, reste la plus belle. L’homme a conscience ainsi qu’il doit changer. Il a su se convaincre que l’on peut se rapprocher de la vérité. Il met tout son passé et son passif au service de sa volonté de se rapprocher de D.
La Techouva, c’est comme l’Amour, ce sont les petits pas, les petits gestes qui comptent. A chacun de trouver quelle est la bonne direction, à chacun de trouver quels seront les petits pas qui lui permettront de se changer et d’avancer durablement.

Chabbat Chalom
Chana Tova
Gmar ’Hatima Tova
Stéphane Haim COHEN