“Et le peuple [Egyptien], il [Yossef] le déplaça vers des villes d’un bout à l’autre de l’Egypte“
(BERECHIT 47,21 )
La paracha de la semaine nous raconte le dévoilement de Yossef devant ses frères.
C'est dans cette paracha que les masques tombent. Les frères de Yossef étaient persuadés d'être dans le vrai. Ils s'étaient débarrassés de Yossef, et ils étaient sûrs d'avoir raison ! Ils en étaient tellement persuadés qu'ils ne pouvaient pas reconnaître leur frère qui était devant eux. Cela prouve vraiment qu'il est terriblement difficile de prendre du recul et d'analyser son comportement.
A la fin de la paracha, Yossef installe sa famille en Egypte dans la terre de Gochen. Yossef a aussi acheté toutes les terres des Egyptiens pour le compte de Pharaon.
Yossef décide de faire déménager tous les Egyptiens d’un bout à l’autre de l’Egypte.
Rashi explique que ce qui semble un détail, est en fait une louange pour Yossef. Il a fait bouger les Egyptiens pour que ses frères ne soient pas qualifiés d’exilés, ou d’immigrés. Toute l’Egypte est la même enseigne. Il n’y a plus d’autochtones, il y a juste des gens déplacés.
Le Kli Yaqar s’étonne un peu de la disproportion entre le risque (la honte des frères de Yossef, qualifiés d’exilés), et le fait de disperser tous les Egyptiens.
En plus, le Kli Yaqar précise que l’on se considère comme exilé si auparavant, on était propriétaire de terrain, ou d’exploitation. Mais nos ancêtres, Avraham, Yst’haq et Yaaqov, et les frères de Yossef, ne possédaient ni champs, ni vignes !
Par ailleurs, on dit que l’exil a commencé depuis la naissance de Yits’haq. La mesure de Yossef semble donc disproportionnée.
C’est pourquoi, le Kli Yaqar préfère mettre l’action de Yossef en regard du verset de la Torah “Vous aimerez l’étranger, car vous avez été étranger en terre d’Egypte” (Devarim 10,19).
Car tout celui qui n’a pas été étranger, ne peut pas ressentir ce que ressent l’étranger.
Mais celui qui a vécu l’expérience, se comportera mieux avec l’étranger. Tout ce que l’on n’aime pas que l’on nous fasse, on le fait pas à l’autre.
La Torah avait promis aux descendants d’Avraham, qu’ils seraient étrangers dans une terre qui ne leur appartient pas (Berechit 15,13). Et bien ce sera une terre où personne ne se sent chez soi. Et ainsi, tout le monde y apprendra à ressentir ce que ressent l’étranger.
Et le Kli Yaqar continue en soulignant que c’est peut-être ce que voulait nous faire comprendre Rashi.
Enfin le Kli Yaqar propose une autre explication. Si toute l’Egypte a été déplacée, on ne pourra pas s’en prendre aux Bné Israel qui résident en terre de Gochen (en Egypte). Si plus tard un roi se lève, et veut vérifier les droits de propriétés des habitants, tous seront à égalité. Les Bné Israel ne seront pas mis à l’index car ils n’ont pas le droit ancestral de résider à Gochen. Ils seront comme tous les Egyptiens, des anciens déplacés.
Après l’exil qui a duré 2000 ans, le peuple d’Israel retourne depuis le siècle dernier sur la terre promise. Que D. nous éclaire, pour que nous puissions créer une société exemplaire, qui sera une lumière pour toute l’humanité !
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN
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