Vayiqra 5785 - Bientôt Pessa'h

 "Parle aux enfants d'Israel en disant : quand une personne fautera par inadvertance … "
(VAYIQRA 4,2)


Remerciements :
à un proche qui m’a rappelé / rapporté plusieurs idées de ce commentaire, en citant le Rav Sacks, et le Rav Benchetrit.

Nous commençons cette semaine, le troisième livre de la Torah, le livre de Vayiqra, appelé "Le Lévitique", car il a pour thème principal le service de D. (au Temple ou dans le Michkan ) qui était effectué par la tribu des Lévi. Cette tribu inclut les Léviim mais aussi les Cohanim.

La première paracha du Lévitique, Vayiqra, est consacrée aux offrandes/sacrifices. En effet, il n’y a pas de mots en français pour traduire le concept de « korbane ».
Dans le désert avec le Michkan, puis plus tard avec le Temple, on apportait des offrandes.

Le verset en entête nous parle d'une faute par inadvertance : 'HeTH. A titre d'exemple, celui qui profane chabbat de façon intentionnelle, sans témoins, aura la peine de retranchement. Il se coupe du peuple : KaReTe. C'est le Ciel qui punit.
En revanche, celui qui profane chabbat par inadvertance devra apporter un sacrifice 'HaTaTe (à l'époque du Temple). Ainsi, celui qui cuit une viande pendant chabbat, alors qu'il pensait qu'on était dimanche faute par inadvertance. De même celui qui presse des raisins pour en faire du vin pendant chabbat, alors qu'il ne savait pas que c'était interdit, faute par inadvertance.

Comment se fait-il que l’on doit demander pardon à D., et que l’on doit apporter une offrande pour une faute non intentionnelle ?

Rav Jonathan Sacks zal l’ancien Grand Rabbin du Royaume Uni dans son livre Sig Ve-Sia’h, rapporte quelques explications.

1/ Le Rav Shimshon Rafael Hirsch nous dit que nul n’est censé ignorer la loi. Si je ne connais pas la loi, je suis déjà négligent, il faut donc payer pour cela.

2/ Abrabanel nous dit que cette offrande est dissuasive. Elle doit me forcer à faire plus attention, dans le futur. Si je paie lorsque je ne fais pas exprès, alors, la prochaine fois, je penserai mes actions.

3/ Le Ramban explique que la faute même non intentionnelle abîme l’âme du fauteur. Il faut donc réparer.

Le Rav Sacks explique que la Torah veut nous faire comprendre que l’homme doit être responsable. On ne peut pas se déconnecter de ses actes. Même si je n’ai pas fauté de façon intentionnelle, je dois assumer. C’est trop facile de dire, ce n’était pas moi, je ne voulais pas …. L’homme est infiniment responsable de ses actes. L’offrande vient lui rappeler.

Je suis aussi responsable de mon inconscient. Certains parleraient « d'actes manqués ».
Un homme doit être suffisamment maître de lui pour que, en pleine conscience, il puisse devenir maître de son côté animal enfoui en lui.

Un ami m’a rapporté une explication sur la matsa et le ‘hamets. Toute l’année, nous mangeons du pain (levé). A Pessa’h, ce qui était permis, devient interdit. Nous ne mangerons que de la matsa. Le quotidien, les habitudes sont tellement forts qu’il faut savoir faire un break. Chaque chabbat je peux faire une mitswa en mangeant du pain. A Pessa’h, ce qui était une mitswa, devient une faute.
Peut-être que la Torah veut m’expliquer que la routine, qu’agir sans penser est préjudiciable. Pessa’h sera un temps privilégié pour décider de devenir maître des actes. C’est cela la liberté.

En Egypte, les Bné Israel ne sont pas devenus subitement des esclaves. C’était progressif, comme le goût, lorsque l’on mange les herbes amères. Les Bné Israel ont commencé par aider Pharaon… et petit à petit, ils sont devenus les esclaves de l’Egypte.

De même celui qui commence à utiliser un smartphone pense le faire de façon consciente et réfléchie. Mais après quelques mois, combien sont tombés dans le piège ? Qui reste le patron de son téléphone ? Qui devient l’esclave de son téléphone ?
Bien évidemment, le smartphone est utile. Mais je dois penser son utilisation.

A Pessa’h, je devrai me poser la question : “C’est qui le Patron ?” Les prétextes pour éviter de penser sont innombrables ! Et pourtant, je dois décider de ne pas être esclave de mes habitudes, du quotidien. Je dois devenir mon propre patron… pour me rapprocher de l’Unique Patron.

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN

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