« Et de tous les vivants, de toute chair, tu amèneras 2 [de chaque espèce] vers l’arche, pour les faire vivre avec toi … »
(Berechit 6,19)
Dans la paracha de la semaine, on vit deux épisodes où l’humanité s’est opposée à son Créateur.
A l’époque de Noa’h, l’humanité a fauté et a été complètement détruite par le déluge. A la fin de la paracha, c’est la génération qui a voulu se séparer de son Créateur en érigeant la Tour de Babel.
La paracha commence donc par nous présenter Noa’h et l’épisode du déluge. D. demande à Noa’h d’héberger dans l’arche sa famille ainsi qu’un échantillon de tout ce qui est vivant sur terre (verset en entête). Rashi commente “tous les vivants” du verset. La formulation du verset pousse Rashi à expliquer que la Torah fait référence aux démons. Noa’h a donc non seulement pris les animaux avec lui, … mais Rashi précise qu’il a aussi pris les démons.
C’est un ami du cours de Torah qui a cité ce Rashi aujourd’hui. En effet, nous devions commencer un passage du dernier chapitre de la guemara Pessa’him (page 109b). Après avoir traité des 4 verres de vin que l’on boit à Pessa’h, la guemara se demande : comment est-ce possible de boire 4 verres, c’est un nombre pair ! C’est dangereux ! La guemara va donc évoquer des sujets que la raison a du mal à entendre.
La guemara Haguiga 16a traite aussi des démons, des chédim. La note 10 du Sotenschtein sur ‘Haguiga 16a, précise que le Rambam pense que les chédim n’existent pas. Face à lui, la plupart des Rishonim pensent que les chédim existent vraiment.
Le Rav a commencé son cours en rapportant le Méiri sur le passage de Pessa’him.
Le Méiri, comme le dit wikipedia, c’est le Rav מנחם בן שלמה המאירי Mena'hem ben Shlomo Hame'iri ou Don Vidal Solomon de Perpignan (1249 - c. 1306/1315)
Le Méiri sage du Moyen Age, est un révolutionnaire, voici ses propos [avec un langage d’aujourd’hui] sur la guemara :
A cette époque [celle de la guemara], le peuple était attiré par des croyances “simplistes” comme des divinations, des phrases dites “magiques”, ou des superstitions. Et, les sages de la guemara n’ont pas combattu ces croyances tant qu’il n’y avait pas de traces d’idolâtrie, ou des habitudes des Emoriim. Au contraire, les sages de la guemara ont même renforcé ces croyances qui étaient déjà répandues : comme les gens y croyaient, cela avait des conséquences sur leur santé mentale et physique.
La guemara dit celui qui y croit (kol dé kapid) alors c’est effectif pour lui, et celui qui n’y croit pas, alors, cela n’a pas d’effet sur lui.
Le sujet des démons est donc de l’ordre du psychologique et du psychosomatique selon le Méiri.
D. a créé l’homme à Son image signifie que nous avons un cerveau et que nous devons nous en servir. Faisons donc les efforts pour nous éloigner de toutes les croyances et superstitions qui empêchent de grandir.
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN