Devarim 5784

 « Voici les paroles qu'a dit Moshé à tout Israel, sur la rive du Jourdain, dans le désert, dans la plaine, face à la mer de Souf, entre Parane et Tofel, et Lavane et ‘Hatsérot et DI ZAHAV »
(DEVARIM 1,1)

 

Le livre de Devarim, le cinquième et dernier de la Torah, est constitué des recommandations de Moshé aux Bné Israel. En effet, le peuple est sur le point d'entrer en Israel, Moshé est sur le point d'être rappelé par D.
Moshé donne donc des conseils, fait des réprimandes pour toutes les fautes qui ont été commises par le peuple dans le désert. Moshé veut que les Bné Israel tirent des leçons du désert afin de réussir leur vie en Israel.
Dans le premier verset de la paracha (en entête), les réprimandes aux Bné Israel sont masquées. En effet, la Torah cite des lieux qui n’ont rien à faire ici (dans le désert), ou même qui n’existent pas (Lavane, Tofel). Rashi explique que ce sont des allusions à des fautes, à des révoltes du peuple d’Israel.

Rashi commente aussi le fait que Moshé s’adresse à “TOUT ISRAEL”. Rashi l’explique de façon étonnante.

Si Moshé n’avait réprimandé qu’une partie du peuple, les autres, ceux qui sont au marché auraient dit : “Quoi ? vous avez écouté les paroles du fils de Amram [Moshé] et vous n’avez rien répondu ! Nous, si nous avions été sur place, nous aurions contesté ses réprimandes. C’est pourquoi, Moshé s’adresse à tout le peuple.

En effet, Moshé, notre Maître, connaît bien la psychologie du peuple. L’homme n’aime pas les réprimandes. Face à Moshé, le peuple n’a pas la force, ou n’a pas les arguments pour répondre. Mais, dès que c’est possible, l’homme veut fuir ses responsabilités. Il n’aime pas avouer qu’il est coupable.

Dans une fratrie, ou dans la cour de récréation, lorsqu’un enfant fait un reproche à l’autre, la réaction est prévisible : “non c’est toi qui a commencé !”. Quand ce sont des enfants qui se rejettent la responsabilité, ce n’est pas si grave. Mais dans un couple, dans une communauté, dans une ville, dans un pays ….. L’homme oublie parfois de grandir, et préfère rester sour aux réprimandes plutôt que de se mettre en question.

Moshé a mis le peuple face à ses responsabilités. Moshé veut faire comprendre qu’un adulte ne fuit pas, il doit assumer ses fautes.
La semaine prochaine, nous vivrons le 9 av. Nous jeûnerons en nous souvenant de la destruction des deux temples. La liturgie du 9 av nous rappelle que nous sommes responsables des malheurs qui nous ont touchés. Plusieurs fois on répète : “par nos fautes“. Nous déclarons qu’il n’y a pas de hasard. Nous avons fauté, et nous avons causé la destruction du Temple.

Alors, même si nous jeûnons, même si nous avons connu de nombreux malheurs, nous devons nous rappeler que le 9 Av est qualifié de Moed (comme une fête). Moed vient de la racine Vaad = assemblée. Le 9 av, nous nous rassemblons pour comprendre que nous sommes adultes et responsables. Et comme, pour toute fête, c’est un double rassemblement. Nous retrouvons nos semblables, mais nous retrouvons aussi le maître du Monde, à l’instar des fêtes de pèlerinages.

Que D. fasse que nous comprenions que nous sommes adultes, que nous sommes responsables des événements que nous vivons. Et donc forcément, nous ne mettrons plus la faute sur les autres, ou sur le hasard. Ainsi, nous nous rapprocherons automatiquement de D. Et nous mériterons que le 9 av se transforme en vrai jour de fête !

Chabbat Chalom
Stephane Haim Cohen
www.limud.net