Ki Tetse 5784

“...Tu ne prendras pas l'Egyptien en abomination, car tu as été résident dans son pays.”
(DEVARIM 23,8)

Cette semaine nous lisons la paracha Ki Tetse. Elle contient, de nombreux thèmes, beaucoup de lois …
Le verset en entête nous explique qu’il ne faut pas haïr l’Egyptien. Et pourtant, ils ont jeté les premiers nés dans le fleuve, ils nous ont asservis, ils nous ont fait souffrir.
Mais la Torah ne veut pas qu’on les haïssent ! Hors de question de les prendre en abomination.
Rabbi Yossi, dans la guemara Bera’hot 63a utilise le verset en entête pour nous apprendre l’importance de l’hospitalité. Si déjà les Egyptiens qui n’ont accueilli les Bné Israel que pour en tirer profit, on n’a pas le droit de les prendre en abomination, alors à plus forte raison celui qui accueille un sage !
Grande est l’hospitalité !

Rava dans Baba Qama apprend la mitswa de reconnaissance du verset en entête. Dans Baba Qama 92b, il nous dit, d’où sait on que le puits dans lequel on a bu, il ne faut pas y jeter des pierres ? Du verset en entête : “tu ne prendras pas l’Egyptien en abomination”.
En fait, la Torah ne veut pas que je perde mon temps à haïr l’autre, même s’il m’a fait du mal. A quoi cela servirait de vivre dans l’abomination de l’Egyptien qui a pourri ma jeunesse ? Cela empêche juste de grandir et de prendre son indépendance ! Je risque juste de me créer un traumatisme.

La Torah nous apprend que l’immigré qui s’épanouit, c’est celui qui ne vit dans la haine de son pays d’accueil.

La Torah veut que je me serve de mon passé pour grandir. J’ai souffert en Egypte, et malgré tout je dois être reconnaissant = je dois faire de place à l’autre. Je pourrais me lamenter et ne penser qu’à moi… Mais non ! La Torah veut m’apprendre que je ne suis pas le centre du monde, l’Autre existe. Et je dois lui être reconnaissant, en trouvant une raison qui me permette de ne pas passer le reste de ma vie à ressasser les traitements qu’il m’a fait subir.

CHABBAT CHALOM
Stéphane Haim COHEN
www.limud.net