«Et les jours de Sarah furent cent ans [chana], vingt ans [chana] et 7 ans [chanim] » Berechit (23,1)
La paracha de la semaine peut être synonyme de nombreux pincements au coeur… des événements tristes.
- Sarah meurt.
- Avraham doit se battre pour acheter sa dernière demeure. Il va acheter la caverne de Ma’hpela. C’est à Kiriat Arba, la ville de Hevron (Berechit 23,2). Bien que D. ait promis la terre d’Israel aux descendants à Avraham et à sa descendance (Yits’haq), pour acheter un caveau, il doit négocier. Et cette dernière demeure, il la paie cher : 400 sicles d’argent en monnaie acceptée par tous. En fait, de nos jours les choses n’ont pas changé. Acheter un morceau de terre pour après 120 ans, n’est pas une chose simple. Et la terre d’Israel est très demandée… les prix sont élevés !
- Un peu plus tard dans cette paracha, c’est aussi Avraham qui disparaît à l’âge de 175 ans.
Plus généralement, cette paracha nous fait penser au temps qui passe, et aux angoisses qui vont de paire.
Déjà au début de la paracha on compte les années de Sarah, Cent ans, Vingt Ans et Sept ans.
Le Kli Yaqar s’interroge sur le verset en entête. La Tora nous dit que les “ les jours de Sarah furent cent ans [chana], vingt ans [chana] et 7 ans [chanim] » Berechit (23,1)
Pourquoi pour 100 ans et 20 ans, la Torah utilise le mot Chana = Année (au singulier) alors que pour les 7 dernières années, c’est Chanim (au pluriel) qui est utilisé ?
Le Kli Yaqar explique que les dernières années de la vie sont parfois des années de détresse, de peine. Kohelet (12,1) (l’Ecclésiaste) nous dit “Les années arriveront où tu diras je n’en ai plus goût [à ces années]. La Torah utilise donc le pluriel pour les 7 dernières années, car ces années sont longues, … elles passent lentement.
En revanche, les 100 ans, et les 20 ans, sont au singulier (Chana) pour nous dire qu’elles sont vite passées.
Jusqu’à présent, le tableau de la paracha que j’ai présenté est donc assez anxiogène… Mais ce n’est pas fini ! Comme dirait le Rav Benchetrit, il faut décider de ne pas mourir de son propre vivant !
On peut aussi lire la paracha autrement.
1/ Le Kli Yaqar donne une autre explication pour Chana / Chanim du premier verset de la paracha. En fait, les justes, bien que tous leurs jours soient remplis, à la fin de leur vie, ils tendent vers la plénitude. Ils se rapprochent, par leur sagesse de la lumière éternelle. Tout devient plus clair.
La vieillesse n’est donc plus un moment d’angoisse.
Jacques Brel chante :
Les vieux ne parlent plus, ou alors seulement, parfois, du bout des yeux
Même riches, ils sont pauvres, ils n’ont plus d’illusions et n’ont qu’un cœur pour deux
…
Mais le Kli Yakar nous dit le contraire : Le ‘Ha’ham qui vieillit voit de plus en plus clair. Il comprend tout.
2/ L’épreuve qu’est de trouver une dernière demeure peut aussi être vue autrement.
On y découvre l’amour de Avraham pour la terre d’Israel. Il connaît l’endroit. C’est là que sont enterrés Adam et ‘Hava. C’est là qu’on enterrera Avraham et Sarah, Yits’haq et Rivka, Yaaqov et Leah !
L’argent ne compte pas. Il montre l’exemple à sa descendance. Il aime la terre d’Israel ! Comme le dit la chanson “Je vais chanter pour toi Terre de beauté [je ne sais pas comment traduire ‘Hemda] Ta poussière je désire !”
3/ Enfin, la paracha nous montre que la vieillesse peut être vécue pleinement, surtout quand les enfants continuent dans l’exemple tracé par les parents.
Ainsi nous apprenons par la paracha que Ychmael a fait Techouva.
Avraham voit aussi Yits’haq choisir une épouse exceptionnelle. Yist’haq et Rivka continueront le chemin initié par Avraham et Sarah.
Notre paracha est donc comme la vie ! Si je la vois belle, elle est belle ! Si je décide de la vivre pleinement, elle me comble !
Stéphane Haim COHEN
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