« Parle aux enfants d'Israel qu'ils prennent pour Moi un prélèvement [=Terouma] de tout homme que son cœur rendra généreux. Vous prendrez Mon prélèvement.»
(CHEMOT 25,2)
La paracha de la semaine est consacrée à l’explication de la construction du Michkan (= Temple démontable utilisé dans le désert) et à celle des ustensiles qui y étaient utilisés (l’Arche, la Ménora, la Table …). La paracha commence par exposer le financement de cette construction.
Le Michkan, puis le Beit Hamiqdach, c’est le lieu que nous devons construire, pour accueillir la Présence Divine sur terre.
Le Rav Yonathan Zacks zal s’intéresse à la traditionnelle question. Comment est-il possible de concevoir que l’homme doit construire un espace fini pour accueillir la présence divine infinie ?
Je vous invite à étudier ses commentaires sur la paracha, dans Sig Ve Sia’h, qui existe aussi en français.
On pourrait compléter la question sur le pourquoi du michkan, par le pourquoi du financement ? Pourquoi la Torah nous demande de donner pour D. ?
En fait, tout ce qui a trait au service divin ne doit pas être conçu comme un service que je rends à D. (D. préserve). Servir D., c’est grandir.
Ainsi, la Torah veut que je donne pour D. parce qu’en donnant je vais grandir. C’est un moyen pour me rapprocher de D.
Dans un mariage, les époux doivent donner à leur conjoint, c’est ce qui constituera la base de l’édifice qu’ils construiront. En donnant, je vais me rapprocher de l’autre, et forcément, je vais l’aimer.
D’ailleurs l’amour et le don sont liés. Le verset en entête nous dit que c’est le généreux de coeur qui donne. Celui qui aime donne, et celui qui donne aime.
Les parents aiment forcément les enfants, parce qu’ils donnent à leurs enfants depuis leur naissance. Et cette relation n’est pas forcément symétrique. Les enfants n’aiment pas autant leurs parents, que les parents aiment leurs enfants. C’est naturel. C’est la raison pour laquelle, on a vu aujourd’hui dans le Daf Hayomi, Sanhédrine 72b, que la loi concernant le voleur qui s’introduit dans une maison, et qui se rend passible de mort pendant le délit, n’est pas la même si le voleur est le fils ou le père du propriétaire.
Quand les enfants grandissent, on leur apprend à donner, c’est ainsi, qu’ils apprendront à aimer les autres.
Quand un enfant entre dans la crise d’ado, il risque de s’enfermer. Il rejette ses parents qui ne le comprennent pas. Donner est essentiel. L’adolescent doit recevoir l’amour gratuit de ses parents, pour lui montrer que l’on peut aimer sans rien attendre en retour. Et pour tenter de renouer des liens avec l’ado, il faut essayer de se débrouiller pour qu’il donne.
Quel que soit l’acte que fera l’adolescent pour ses proches, il faudra le valoriser. Ainsi, petit à petit l’ado aimera de plus en plus son environnement, et le dialogue pourra renaître.
Les personnes âgées qui sont dépressives ont des carences en don. Elles n’ont plus l’occasion de donner. Pour les aider, il faut trouver des moyens pour qu’elles donnent.
La Torah nous demande donc de donner, pour construire son propre Michkan. Nous devons nous transformer pour aimer et nous rapprocher de Celui qui est l’Autre par excellence.
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN
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