" Vous compterez pour vous à partir du chabbat [lendemain du jour de repos =premier jour de Pessa’h]…sept semaines complètes."
(VAYIQRA 23,15).
La paracha commence par des lois propres au cohanim. Emor, c'est aussi par la présentation des fêtes de la Torah.
A l’intérieur du thème des fêtes, la Torah demande de compter le Omer : depuis le lendemain de Pessa’h jusqu’à Chavouot (il y a 49 jours à compter), " Vous compterez pour vous à partir du lendemain du jour de repos …" (VAYIQRA 23,15). Comme en ce moment, nous comptons le Omer, au bout duquel nous fêterons Chavouot.
Pessa’h, c’est la fin de l’esclavage. L’homme asservi se distingue des autres par son rapport au temps. Il n’a pas de passé, pas de futur. Chaque jour, pour lui, se ressemble. Son hier est identique à son aujourd’hui. Travailler et manger. Il n’a pas de futur, pas de projet, pas d’espoir.
Sans passé, et sans futur, son présent ne peut pas exister. Il optimise son existence en minimisant les efforts qu’il doit fournir, et en espérant au mieux satisfaire ses besoins fondamentaux comme manger, ou se reposer.
Son présent, n’est pas un présent, puisqu’il n’a rien à vivre, il veut juste vivre.
D. nous a fait sortir d’Egypte, et nous avons dû nous guérir de l’esclavage pour tenter de devenir des hommes libres.
C’est peut-être pour cela que la Torah nous a demandé de compter le temps. Depuis le lendemain de Pessa’h, nous comptons chaque jour, c’est le Omer. Nous devons nous réapproprier le temps, pour tenter de recevoir la Torah à Chavouot.
Mais compter le temps qui passe n’aide pas à dominer le temps. On peut très bien compter le temps comme un prisonnier, qui écrit sur un mur. Nos sages nous ont conseillé d’étudier les Pirké Avot pendant les 7 semaines qui nous mènent à Chavouot. Les Maximes des Pères sont un traité de la Michna, qui détonne du reste du corpus. En effet, on y présente le travail personnel pour améliorer ses traits de caractère.
En fait, ce travail sur soi est la condition sine qua non pour devenir maître de son temps. L’homme maître de soi, pense ses actions. L’homme maître de soi agit au lieu de réagir. L’esclave fonctionne dans le mode réaction. Le maître demande, il obéit. L’homme libre ne réagit pas, il agit, il est maître de son destin.
Ainsi, en comptant, et en travaillant sur soi, on peut arriver à Chavouot, maître de son temps. Chavouot nous permettra de vivre intensément le présent. En recevant la Torah, en étudiant, je ne vois plus le temps passer. Je suis dans le présent. Par la Torah, je deviens Maître de mon temps. Il est frappant de comparer les retraités qui étudient quotidiennement. Même physiquement, ils sont plus jeunes que les consommateurs d’écran.
La Torah nous a donné le pouvoir de nous approcher de D. en devenant maître du Temps.
D’ailleurs, dans notre paracha, nous lisons : “... les fêtes de D. que vous désignerez, des appels saints, ce sont Mes fêtes” (Vayiqra 23,2). Les fêtes, nous les fixons. C’est l’homme qui fixe le calendrier. Et D. valide.
La liberté, c’est fixer le temps.
Le temps de rencontre, le temps du pèlerinage à Jerusalem est fixé par l’homme. Et D. est au rendez-vous. La Torah veut nous donner la clé du temps.
La Torah nous donne la règle du jeu. Le Sforno explique : si les fêtes sont considérées commes des moments saints alors, D. valide.
La fête c’est un temps que l’homme consacre à moitié pour lui et à moitié pour D. Dans un tel cas, D. valide. on élève les plaisirs matériels pour servir D.
D. considère alors nos fêtes, celles que nous avons fixées, comme Ses fêtes.
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN