Beaalote’ha 5779

" Myriam et Aaron parlèrent de Moshé, à propos de la femme Kouchite... "
(Bamidbar 12,1).


La paracha de la semaine commence par la présentation de la mitswa confiée à Aaron : l’allumage de la Menora, le chandelier à sept branches.
Puis, la paracha expose les lois de Pessa’h Cheni (le rattrapage de pessa’h), certains déplacements des Bné Israel dans le désert orchestrés par les colonnes de nuées le jour, et de feu la nuit. Ensuite, nous assistons à une révolte d’une partie du peuple, qui demande de la viande à manger. Le dernier sujet est celui de la Médisance de Myriam, sur son frère Moshé. Elle sera punie par une mise en quarantaine de 7 jours (verset en entête).
Myriam a donc médit, et Aaron a écouté. C'est cela le Lachone Ara.


Rappelons qu'ici, il n'y a eu aucun mensonge. Moshé s'était bien éloigné de son épouse pour être toujours prêt à parler à D. Et Myriam ne fait que le répéter : elle dit à Aaron que Moshé s'est éloigné de Tsipora. Malgré tout c'est du lachone ara même si Myriam ne dit que la vérité.


La guemara est très dure avec ceux qui colportent et ceux qui écoutent. Ainsi, à la page 118a de Pessa'him on trouve :
Rav Chechete dit au nom de Rabbi Eleazar ben Azaria, tout celui qui raconte du lachone ara, tout celui qui écoute du lachone ara (sans réagir), et tout celui qui fait un faux témoignage, mériteraient d'être jetés aux chiens.
En effet, quand nous sommes sortis d'Egypte, les chiens n'ont pas aboyé. Alors si même les chiens ont su se taire, comment comprendre qu'un homme ne sache pas fermer sa bouche (sa gueule?) ? La guemara veut nous faire comprendre que celui qui dit ou écoute se comporte comme un animal.


Le Méiri va plus loin. Il explique que cet homme qui écoute ou dit la médisance, à son décès, doit être considéré comme un animal, et ne doit même pas être enterré.
La guemara est donc très dure. De même, dans Chabbat 56b, on lit si [le Roi] David n'avait écouté (et accepté) le lachone ara, le royaume n'aurait pas connu le schisme, et nous n'aurions pas été exilé.
Il y a des dizaines de guemarot, de midrachim qui décrivent la gravité du Lachone Ara. Alors pourquoi nos sages insistent tellement sur le sujet ?
Parce que c'est facile de faire du lachone ara. Parce que c'est courant. Parce que même si je suis un tordu ou un minable, avec le lachone ara je peux avoir mon heure de gloire : sur le dos de l'autre.
Nos sages ont dit que le lachone ara est plus dangereux que le serpent. Le serpent est dangereux quand on se situe à proximité. Le lachone ara peut tuer à des milliers de kilomètres. Aujourd'hui, avec les réseaux sociaux, on comprend que nos maîtres décrivent simplement la réalité. Même les mots (pas seulement les Maux) tuent.

Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN