Bemidbar 5783

"D. parla à Moshé et Aaron en disant. Chacun selon sa division [DiGLo], selon les signes de la maison de leurs pères…."
(Bemidbar 2, 1-2)


Nous commençons cette semaine le 4è livre de la Torah, Bamidbar (=littéralement « dans le désert »). Jeudi soir prochain, nous fêterons Chavouot, la fête du don de la Torah.

Ce 4è livre de la Torah est nommé Les Nombres, car les bné Israel y sont minutieusement recensés.

La Torah nous précise que chaque tribu a ses insignes, son drapeau. Le Rav Chalom Messas, dans Ve’Ham Hachemech s’intéresse à l’utilité du drapeau.

Le drapeau, différent selon les tribus, est potentiellement générateur de dissensions. Chacun son drapeau, chacun son identité, chacun son intérêt, le risque est grand de voir des rivalités émerger entre les tribus, entre les frères.

Et les problèmes de fratrie, on les connaît : Caïn et Abel, Yts’haq et Yichmael, Yaaqov et Esaw, Yossef et ses frères …. Alors était-ce vraiment nécessaire de faire chacun son drapeau ? Le drapeau ne sera-t-il pas le signe avant-coureur de guerres fratricides ?

Par ailleurs qu’est-ce qu’un drapeau ? Comment confectionne-t-on un drapeau ? On prend un petit bout de bois, on prend un chiffon, on les met ensemble, cela fait un drapeau (J’ai entendu cette explication lors d’un discours du Rabbin Hadas Lebel
http://judaisme.sdv.fr/histoire/rabbins/hadasleb.htm)
Un drapeau n’a pas de valeur intrinsèque, sa valeur c’est l’homme qui associe le bâton et le tissu qui la crée. La valeur du drapeau est donc subjective, par conséquent, elle est source de dispute. Mes valeurs sont supérieures aux tiennes. Mon blanc est plus blanc que ton blanc !

Le Rav Messas explique que D. a plusieurs noms, Il se dévoilent sous plusieurs attributs. D. est UN, et pourtant, ses noms sont multiples.

Pour le Am Israel c’est la même chose. Le peuple est UN, mais il a différents visages. Chaque tribu a son drapeau, chaque tribu a ses spécificités. Chaque tribu a un rôle à accomplir. Chaque homme est différent de son prochain, chaque homme est unique, chaque homme a en lui un potentiel illimité différent de celui de son prochain. Si chacun réalise son potentiel, c’est tout le peuple qui en profitera. La Vérité est Une, mais elle a différentes facettes. Si chaque tribu s’accomplit, alors c’est tout le peuple qui grandit et qui est UN.

Ce soir, nous fêtons Yom Yerouhalayim. Cela fait 56 ans que la ville est UNE…. Et pourtant, ces derniers temps, le peuple semble de plus en plus divisé. Même si officiellement, il n’y a qu’un drapeau en Israel, chacun veut mettre ses couleurs en avant, pour expliquer aux autres que lui est dans le vrai, et que l’autre a tort !

Alors que faire ? Qu’est-ce qui unit vraiment le peuple ? Qu’est-ce qui a maintenu en vie notre peuple pendant 2000 ans d’exil ? La Torah. La Torah est suffisamment vivante pour que chacun puisse grandir en l’étudiant.
A la dernière page de la guemara Sota (49a) qui a été terminée cette semaine dans le cadre du Daf Hayomi, Rava dit [maintenant que le Temple n’est plus là] chaque jour est plus maudit que le jour précédent. La Guemara demande, alors comment le monde tient-il si on avance de mal en pis ?
Le monde tient sur la kedoucha que l’on traduit en araméen (à la fin de la prière du matin, veata kadoch) et sur le Amen Yéhé Chémé Raba, du kaddish, que l’on dit après la dracha du chabbat qui est constituée de Agada (histoires).

C’est cela l’unité du peuple. Autour de la sanctification du nom de D. et autour de la Torah qui est accessible à tous. Ce sont des mots en araméen que l’on prononce, car c’est la langue du peuple, comprise de tous.
Chabbat Chalom


Stéphane Haim COHEN

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