Berechit 5782

 « La femme vit que l’arbre était bon en nourriture, et qu’il était attrayant pour les yeux, que l’arbre était précieux pour l’intelligence, elle prit de son fruit et en mangea; elle en donna aussi à son mari avec elle et il en mangea  »
(Berechit 3,6)
Besimanana Tava


J’ai lu cette semaine une partie du Meche’h H’ohma sur la paracha. Je vais vous en présenter un tout petit passage tel que je l’ai compris. Que D. fasse que je ne dise pas de bêtises !

La guemara Baba Batra 17a explique que 4 hommes sont morts “sur les conseils” du serpent : Binyamine, le fils de Yaaqov, Amram le père de Moshé, Ychai le père de David et Kilav le fils de David. La guemara veut nous expliquer que ces 4 hommes n’ont pas fauté. Et c’est uniquement à cause du serpent, qui a séduit ‘Hava (qui a fauté), que la mort est descendue sur terre.

En fait, avant la faute nous étions dans un monde dual : vérité / mensonge. Tout était clair. L’accès à la vérité était aisé. Grâce au cerveau, grâce à l’intelligence, on pouvait atteindre La Vérité.
Avec, le serpent et son action sur la femme, nous sommes entrés dans un autre registre. Désormais, nous sommes dans le beau, le bon, l'agréable, les envies (verset en entête). La Vérité est beaucoup plus difficile d’accès, puisque ce n’est plus l’intelligence qui commande. Après la faute, notre vision est voilée par les ressentis, les tentations, les sentiments, l’irrationnel. La femme est tombée dans le piège du serpent.

Le Ramban sur Berechit 2,9 explique la situation de l’homme avant d’avoir consommé de l’arbre du savoir du bien et du mal. L’homme était naturellement bon. Comme les astres, ou comme la nature accomplissent leurs devoirs, l’homme en quelque sorte était prévisible.
Si on voit La Vérité clairement, on a du mal à s’en éloigner. La faute a brouillé les pistes. Elle a introduit en l’homme la volonté de faire le bien et le mal. Selon le Ramban, repris par le Meche’h ‘Ho’hma, c’est la faute qui a donné à l’homme le libre arbitre. Désormais, il peut faire le bien et le mal. Dans un certain sens, c’est la grandeur de l'homme. Mais c’est aussi un risque terrible.

Suite à la faute, l’homme doit nécessairement devenir mortel. En effet les astres sont “immortels”, mais ils sont contraints par des lois. Ils ne peuvent pas changer leur trajectoire, les temps de révolutions… Par conséquent, celui qui ne veut pas se tromper pourra comprendre que l’astre n’est pas une divinité. L’astre n’est pas libre. Mais maintenant que l’homme est libre, s’il était immortel on l’aurait pris pour un dieu !

En fautant, selon le Ramban, l’homme a acquis le libre arbitre, mais il est devenu mortel.

Le Ramban précise, à l’instar du Chem Michmouel, que m’a rapporté un proche, que la mort, la punition, n’est pas instantanée. La faute n'est pas comme le venin du serpent, mortel instantanément. Ce n’est pas parce que l’on faute, que l’on est puni immédiatement. C’est le Roi qui punit. Et il punira, au moment où Il le voudra. De plus, si la punition était instantanée, il n’y aurait plus de libre arbitre. On reviendrait en quelque sorte à la situation d’avant la faute, sans efforts, puisque celui qui se fourvoie serait immédiatement puni.

Dans tout ce que je vous ai raconté, il y a quelque chose qui me dérange. Le Meche’h H’o’hma explique que l’homme a été créé à l’image de D., signifie comme le RambaM l’explique, que l’homme a le libre arbitre. Et maintenant le Meche’h H’o’hma m’explique comme le RambaN que le libre arbitre est la conséquence de la faute.

Sur ce sujet compliqué il veut peut être nous présenter 2 façons d’appréhender le libre arbitre :

  • Selon le Ramban, c’est la conséquence de la faute. Donc c’est un moindre mal. Mais l’idéal est un monde où simplement, la volonté de D. est accomplie, même si le libre arbitre n’existe plus.
  • Selon le Rambam, le libre arbitre, c’est la grandeur de l’homme. C’est par le libre arbitre que l’on servira encore mieux le Maître du Monde.

 

Chabbat Chalom,
Stéphane Haim COHEN