BO 5784

«D. dit à Moshé : va vers Pharaon, car Moi, j’ai endurci son coeur et le coeur de ses serviteurs …»
Chemot (10,1).

La paracha BO nous raconte les trois dernières plaies (les sauterelles, l’obscurité et la mort des premiers nés) ainsi, que la suite logique, la sortie d’Egypte.
C'est aussi dans cette paracha, la première fois où les Bné Israel, en tant que peuple, reçoivent des commandements divins (Mitswot).

Le Rachbam sur le verset en entête demande : pour toutes les autres plaies, nous ne trouvons pas que D. informe Moshé qu’Il endurcit le coeur de Pharaon. Le Rachbam explique que c’est à mettre en regard avec la fin de la paracha de la semaine dernière. Pharaon avait reconnu “D. est Le juste, et Moi et mon peuple, les méchants” (Chemot 9,27). Notre paracha explique donc le pourquoi du brusque retournement de situation.

Le Ramban propose une explication similaire. D. après la plaie de la grêle explique le revirement de Pharaon. Et il continue en précisant que le projet divin passe par cette étape. D. endurcit le coeur de Pharaon pour que l’Egypte connaisse la puissance divine. Mais le Ramban explique que les Egyptiens ne seront pas punis pour ce “supplément”.


Le Or Ha’h’ayim nous dit qu'après la plaie de la grêle, même un coeur de pierre ne peut pas rester insensible. La peur qui a envahi l’Egypte avec la plaie de la grêle est plus forte que tout l’entêtement humain. Et forcément celui qui a vu la grêle devait changer d’avis, et reconnaître ses erreurs. Le Or Ha’h’ayim explique donc que D. a voulu aller contre la nature humaine et a endurci le coeur de Pharaon et le coeur de ses serviteurs.

En fait, la plaie de la grêle a été un tournant. Juste avant la Torah nous dit :
“Celui qui craignait la parole de D. de parmi les serviteurs de Pharaon fit s’enfuir ses serviteurs et son bétail vers les maisons. Mais celui qui ne mettait pas son coeur vers la parole de D. laissa ses serviteurs dans le champ” (Chemot 9,20-21).

Le Rav a expliqué ce verset cette semaine, dans un cours de hala’hot. Il a expliqué que tout homme était capable de voir les plaies et ce qui s’était passé avant la grêle.
Mais au moment de passer à l’action il y a 2 types d’hommes :

  • celui qui craint la parole de D.
  • celui qui ne met pas son coeur pour interpréter le message, et pour comprendre qu’il est concerné.

En fait, telle est la nature humaine ! On assiste à des événements, on entend des discours, mais est-ce que mon coeur est assez ouvert pour recevoir le message. Et ce n’est pas tout, même si mon coeur (mon intériorité) perçoit le message, est-ce que je suis suffisamment fort pour traduire ces paroles en acte. Celui qui craint, c’est celui qui perçoit le message, et qui l’intègre pour se parfaire.

Le Rav a dit que c’est le grand challenge de l'école du Moussar (éthique, morale). Le courant du Moussar, qui a vu le jour avec le Rav Lifkin Salanter, est entré progressivement dans les Yechivot. Mais certains s’y sont opposés.
En fait, le courant du Moussar a pour but de parfaire les traits de caractères. Par exemple, le coléreux travaillera sur sa colère, le radin sur son avarice, …. Mais changer un trait de caractère peut prendre des années… Et en plus, même si j’écoute des milliers d’heures de cours de Moussar, serai-je capable de mettre le message dans mon coeur et de l’intégrer dans mon comportement ?
C’est pourquoi, certains ont pensé que l’on ne peut pas enseigner le moussar. On ne peut pas traiter un symptome, il faut traiter le mal à la racine. Ainsi,  le Rav a dit que le ‘Hazon Ich explique que la meilleure façon de parfaire sa personnalité est d’étudier la Hala’ha.

Mais quel est le rapport entre la Hala’ha et le perfectionnement des midots (traits de caractères, comportement) ?
En fait, quand j’étudie la Hala’ha j’apprends à me soumettre aux Rabbanim, et je vais forcément mettre en application, ce que je vais étudier. J’apprends la modestie, j’apprends à limiter mon moi. En ce sens, je pourrai peut-être parfaire mon comportement. Je traite ainsi la cause de tous mes problèmes … Je soigne mon MOI.

Avant la grêle, les Egyptiens étaient face à un dilemme : ils voyaient, mais leur coeur pouvait hésiter. Ce n’est pas parce que l’on voit ou l’entend que l’on se change. Il faut vouloir intégrer le message.
Après la grêle, ce n’est plus la même chose. L’eau et le feu mélangés dans la grêle ont brisé les coeurs de pierre. L’Egyptien n’avait plus le choix, il devait intégrer le message divin. Et ce n’est que parce que D. a endurci le coeur de de Pharaon et le coeur de ses serviteurs, que nous aurons le droit aux trois dernières plaies.

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN
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