“... voici les êtres vivants que vous mangerez, de parmi les animaux qui sont sur la terre.”
(Vayiqra 11,3)
La paracha Chemini est consacrée au service dans le Michkan (le Temple du désert), plus précisément on y parle du service le jour de l’inauguration du michkan, le 1er nissan.
On y trouve aussi deux autres sujets : la mort des deux fils de Aaron le Cohen Gadol, et l’exposé des lois de cacherout.
Le verset en entête introduit le passage qui présente les animaux autorisés à la consommation : à titre d’exemple, les ruminants qui ont les sabots fendus sont permis.
La Torah nous dit “voici les êtres vivants que vous mangerez…”, mais attention, ce n’est pas une obligation de manger de la viande ! Ce sont en fait les animaux que l’on pourra manger… si on le souhaite.
L’esprit mal tourné pourra traduire le verset par “il faut manger de la viande, et plus on mange, mieux c’est !” Et pourquoi ne pas se goinfrer de viande tant qu’à faire ?
On pourrait se dire, la Torah me permet la viande, alors, allons jusqu’au bout des choses ! mangeons de la viande, et encore de la viande ! Peut-être faut-il décider de vivre pour manger de la viande ?
J’ai ici grossi les traits, mais l’idée est claire : ce n’est pas parce que la Torah autorise quelque chose, qu’il faut exagérer.
En ce moment c’est la guemara Baba Metsia qui est étudiée dans le cadre du daf Hayomi. La michna qui se trouve à la page 33a nous dit :
Celui qui a la possibilité de récupérer un objet perdu de son père, ou son propre objet perdu, alors il choisira son propre objet. Même chose si on a le choix entre son propre objet et celui de son rav, il faudra choisir de récupérer son propre objet.
La Guemara demande : d’où sait-on [que l’on doit donner la priorité à ses propres objets perdus] ? Rav Yehouda cite le verset “A la vérité ! Il n’y aura pas de pauvres chez toi” (Devarim 15,4). Il faut faire les efforts pour ne pas devenir pauvre. La Torah nous demande donc de donner la priorité à ses propres objets plutôt que de tenter de récupérer ceux des autres.
Mais la guemara continue avec Rav Yehouda, qui précise : Attention, celui qui systématiquement donne priorité à ses propres biens, finira par devenir pauvre. En effet, on pourrait très bien penser : “ j’ai raison de ne m’occuper que de mes biens, c’est la Torah, qui me le demande”... Mais à force de ne penser qu’à soi, on se rend pourri. La Torah nous donne la loi stricte, ce qui est possible… mais Rav Yehouda nous précise l’esprit de la loi. Il faut savoir être large et penser à l’autre. Sinon, à force de ne donner la priorité qu’à soi-même, on rate sa vie.
A force d’être persuadé d’avoir raison, même si c’est la loi stricte de la Torah, je peux aller droit dans le mur. Rav Yehouda nous conseille donc :
Même si la Torah m’autorise à me comporter de la sorte, tout excès est nuisible ! Je dois faire plus que ce que la Torah me demande ! Je me dois d’être bon ! Si mon objectif est uniquement d’être juste, et d’avoir raison, je risque de me perdre facilement !
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN
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