"Un feu sortit de devant D., les dévora, ils [Nadav et Avihou] moururent devant D.
(VAYIQRA 10,2)
La paracha Chemini est consacrée au service dans le Michkan (le Temple du désert). On y trouve aussi deux autres sujets : la mort des deux fils de Aaron le Cohen Gadol, et l’exposé des lois de cacherout.
Pourquoi Nadav et Avihou, les fils de Aaron, sont-ils morts ?
Les Maîtres ont proposé plusieurs explications sur les raisons de la mort des enfants de Aaron.
Le Kli Yakar rapporte plusieurs de ces explications pour expliquer la punition :
- Ils sont entrés ivres,
- Ils sont entrés servir sans se laver les mains et les pieds
- Ils sont entrés sans vêtements convenables, pour servir dans le michkan
- ils ont décidé de ne pas avoir d’enfants
- ils ont décidé de ne pas se marier
- ils ont dit une Loi en la présence de leur maître
- Ils ont parlé de façon méprisante sur Moshé et Aaron. Ils ont dit : Quand les 2 vieux vont-ils mourir pour qu’on puisse prendre leur place
Et cette liste n’est pas exhaustive !
Mais le Kli Yakar demande : pourquoi tant de raisons alors que la Torah elle-même a donné l’explication : “Ils ont apporté devant D. un feu étranger” (Vayiqra 10,1)
Le Kli Yaqar explique que l’on ne peut pas expliquer le “feu étranger” au sens littéral. Il s’efforce donc de lier chaque raison à ce feu étranger.
Le vin est un feu étranger nous dit le Kli Yaqar. Ils avaient trop bu. Et même si l’interdiction de servir après avoir bu ne sera formulée qu’après la mort de Nadav et Avihou, ils auraient dû comprendre que logiquement on ne peut pas servir quand on est ivre.
De même, selon celui qui dit qu’ils ne se sont pas mariés, ils avaient en eux le feu des envies.
Le Meil, le manteau, qui fait partie des vêtements du Cohen est une expiation sur la médisance. Ils ont servi sans ce Meil, et ils ont fait du Lachone Ara sur Moshé et Aaron. La médisance, dans Tehilim est comparée aux braises brûlantes. Le Meil aurait pu expier leur faute (lachone ara). Mais ils n’avaient pas mis ce vêtement avec lequel ils doivent servir. Ils ont donc été brûlés… Mesure pour Mesure. La médisance, parler des autres, est un feu dévorant. Celui qui médit se fait du mal. Il se brûle de l’intérieur. Et ensuite, le feu se propage, et ravage.
Le feu est aussi un symbole de l’orgueil. Le Feu monte, comme l’orgueilleux qui se met au-dessus des autres. Ils ont dit une Loi en la présence de leur maître. Ils ont une trop haute idée d’eux-mêmes.
Enfin, il convient de noter que c’est pendant le service divin que les fils d’Aaron ont été punis.
En fait, servir D., n’est pas facile, c’est risqué. Lorsque l’on agit, on pense tous servir D. Qui agit en étant persuadé de ne pas bien se comporter ? Personne !
Agir pour D., pour le Bien de la société, n’est pas un passe-droit. Il faut une remise en question perpétuelle. Est-ce que j’agis pour D. ou pour le Moi ?
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN
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