Devarim 5783

 « Voici les paroles qu'a dit Moshé à tout Israel, sur la rive du Jourdain, dans le désert, dans la plaine, face à la mer de Souf, entre Parane et Tofel, et Lavane et ‘Hatsérot et DI ZAHAV »
(DEVARIM 1,1)

 

Le livre de Devarim, le cinquième et dernier de la Torah, est constitué des recommandations de Moshé aux Bné Israel. En effet, le peuple est sur le point d'entrer en Israel, Moshé est sur le point d'être rappelé par D.
Moshé donne donc des conseils, fait des réprimandes pour toutes les fautes qui ont été commises par le peuple dans le désert. Moshé veut que les Bné Israel tirent des leçons du désert afin de réussir leur vie en Israel.
Dans le premier verset de la paracha (en entête), les réprimandes aux Bné Israel sont masquées. En effet, la Torah cite des lieux qui n’ont rien à faire ici (dans le désert), ou même qui n’existent pas (Lavane, Tofel). Ce sont des allusions à des fautes, à des révoltes du peuple d’Israel.

Réprimander est un art très difficile. En effet, quand X réprimande Y, X est-il certain d’avoir raison ? X parle-t-il pour son propre bien ou pour celui de Y ?
La tentation est grande de vouloir se faire du bien sur le dos de son “ami”. Je vais tenter de le remettre dans le droit chemin parce qu’en fait son comportement me fait mal, froisse mon ego. C’est la réprimande inutile et dangereuse. Je crois agir pour mon prochain en lui conseillant de se corriger, mais en fait, je soigne mon ego. JE me place au dessus de lui, j’en profite pour me lâcher et satisfaire mon désir de puissance.

La vraie réprimande naît naturellement de l'amour que j’ai pour le prochain. Je l’aime, alors je ne peux pas le voir foncer droit dans le mur. Je dois lui dire qu’il se trompe, parce que je l’aime. Je veux son bien, naturellement je lui formulerai donc mes remarques.

La réprimande qui a une chance de fonctionner naît d’un profond amour du prochain. Je vois son intérêt, et pas le mien.
Mais cela ne suffit pas. Parfois on peut aimer son proche, et ce dernier restera hermétique aux mots qu’on lui dira. Parfois ces réprimandes provoqueront même des réactions de rejet. C’est le cas classique des parents qui réprimandent les adolescents. Les parents aiment leur enfant, mais l’enfant révolté est persuadé que ses parents se trompent. Alors que faire ?

Il faut se débrouiller pour que l’autre comprenne tout seul qu’il est dans l’erreur. Quand X fait une réprimande à Y, dans le cas idéal Y comprendra que X a raison, et donc Y fera siennes les remarques de X. Il les intégrera en lui, et se corrigera donc.
Mais si Y a une combinaison étanche, qu’il est hermétique, alors X doit tenter de se débrouiller pour que Y ait un flash, et réalise tout seul que son comportement doit être corrigé.
Dans le désert, les bné Israel sont des adolescents, des révoltés ! Il faut donc trouver un stratagème pour qu’ils comprennent par eux mêmes. Moshé fait donc des allusions qui seront comme des flash (back) pour le peuple. Pour comprendre l’erreur, et ne plus retomber.


Ce Chabbat est celui qui précède le jeûne du 9 av. Ce jeûne a été institué à cause de la destruction des 2 Temples.
La liturgie de Tichea beav nous le rappelle, la guemara Guitin 56 et suivantes nous le rappelle, si des malheurs ont frappé le peuple, c’est de notre faute. De même les punitions du désert, c’est de notre faute … la plupart des problèmes, nous les créons tout seul. Nous sommes la source de nos problèmes. C’est affligeant. Mais en même temps c’est réjouissant. Si nous sommes responsables de nos malheurs, nous sommes responsables de notre bonheur. Par nos efforts, et nos bonnes résolutions, nous vivrons le bonheur de la reconstruction complète de Jerusalem. Par nos efforts, nous deviendrons un phare pour l’humanité.

Chabbat Chalom
Stephane Haim Cohen
www.limud.net