Le’h Le’ha 5785


 « Avram était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans, D. lui apparut et lui dit: "Je suis le Dieu tout-puissant; vas devant Moi et sois parfait [Tamim] »
(Berechit 17,1)

Cette semaine, nous faisons connaissance avec Avram, qui deviendra Avraham. C’est lui qui a découvert D.
D. va l’éprouver, il quittera son pays, sa maison, sa ville, sa triste ville où il est né.

A la fin de la paracha D. demande à Avraham d’être parfait (Tamim), verset en entête. Cela fait référence à l’ordre de pratiquer la circoncision.

On considère souvent l’idée d’être Tamim c’est d’avancer dans les voies de D. sans se poser de questions. Alors, c’est vrai, il faut appliquer les commandements SANS se poser de question. C’est ce qui rapproche les juifs du monde entier. Même si la façon de penser le judaïsme est différente, l’application des mitswot, c’est le tronc commun.

Que l’on soit ‘Habad, Breslev, Litaï, Hassid, ashkenaze, sefarade, on peut diverger sur des idées, mais on ne peut pas transiger sur l’application des mitswot. C’est cela être Tamim = appliquer même si je ne comprends pas.

En revanche, j’ai le devoir de tenter de comprendre ! Je dois me poser des questions !

Un peu avant dans la paracha D. dit : “ N’aies pas peur Avram, Je serai ton protecteur” (Berechit 15,1)

Sur ce verset, le midrach Raba 44,4, apporte, entres autres, l’explication suivante de Rabbi Lévi (que le Rav a rapportée ce matin en terminant le daf Hayomi) :
Avraham avait peur que les gens disent qu’il a tué un juste (un innocent) quand il a dû faire la guerre. D. le rassure : ne t’inquiète pas, il n’y avait que des mauvaises herbes (des impies).

Avraham a dû faire la guerre pour aller libérer Lot, il a dû tuer, pour une guerre juste. Et malgré tout, il se demande : a-t-il  tué des innocents ?
Il se pose des questions, il réfléchit !

Dans son cas, il n’y avait pas d’innocents, il est ainsi rassuré.

Mais Avraham nous montre le chemin, il faut se poser des questions, on ne peut pas appliquer ou avancer sans réfléchir. Même si la guerre est juste, il faut se poser des questions. Faire la guerre, tuer est parfois inévitable. Mais malgré tout (pas pendant le combat) je dois mesurer la moralité de mon combat.

Onqelos traduit Tamim par “Chelim”. Il faut être entier, parfait. Cet ordre divin d’être parfait, c’est l’obligation de la circoncision que D. donne à Avraham. Etre entier, c’est savoir sacrifier une petite partie de son corps. Etre entier, c’est faire la circoncision car elle permet de lier l’homme à D. jusque dans sa chair. Comme me l’a rappelé un proche, le circoncision est un commandement appliqué, même par les plus éloignés de notre peuple. Cette circoncision est le signe du peuple qui veut faire UN avec son D.

Et c’est un lien inné. On pourrait croire que celui qui choisit d’être circoncis à l’âge adulte est plus grand que celui qui est circoncis bébé… et bien non. La circoncision “imposée au bébé”, est le symbole des Lois que l’on ne choisit pas. Se soumettre à D., c’est accepter que ce n’est pas moi qui fixe les lois. Montrer que D. est le Roi, c’est perpétuer de générations en générations ce commandement.

Stéphane Haim COHEN

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