Matot 5784

« Moshé parla aux chefs de tribus, … Un homme qui fait un voeu à D. … ne profanera pas sa parole, tout ce qui sort de sa bouche, il accomplira.» (BAMIDBAR 26,3).

Cette semaine, nous lirons 2 parachiot : Matot et Massé. Le début de la paracha Matot traite des voeux que l’on prononce et de la façon dont on doit gérer ces voeux. Puis la paracha traite de la guerre contre Midiane, le peuple qui avait entraîné une partie des Bné Israel dans la débauche. La paracha termine par la demande des tribus de Reuven et Gad et de la moitié de Ménashé de s’installer à l’Est du Jourdain.

Autant dire que mise à part le début de la paracha qui traite des voeux, on parle beaucoup de guerre dans cette paracha. Peut-être que c’est cela le secret de la victoire : pour gagner la guerre contre les ennemis, il faut savoir maîtriser sa bouche, et respecter sa parole.

La guemara Nedarim traite des voeux. A la page 50a on trouve l’histoire du mariage de Rabbi Akiba avec Ra’hel, la fille de Kalba Savoua.

A l’origine Akiba (pas encore Rabbi Akiba) était berger de Kalba Savoua, un homme immensément riche. Un jour Ra’hel la fille de Kalba Savoua remarqua les bons traits de caractères de Akiba, et elle voulut l’épouser, bien qu’Akiba soit ignorant en Torah. Ra’hel lui demanda : si nous nous marions, tu iras étudier ? Akiba acquiesça, ils se marièrent.
Kalba Savoua ne voulait pas donner sa fille à un ignorant. Il fit donc le voeu de ne pas faire profiter de sa fortune à sa fille, tant qu’elle serait la femme de Akiba.
Akiba et Ra’hel étaient donc terriblement pauvres. Ils vivaient d’amour et d’eau fraîche ! Akiba dit : Ah si j’étais riche, je t’achèterai un bijou “Jerusalem d’or”. C’est une couronne ou un genre de collier qui représente Jerusalem.
Akiba partit et revint avec le titre de Rabbi Akiba et 24000 couples d’élèves.

La guemara Ketouvot 63a raconte comment Kalba Savoua a annulé son voeu. Le jour où Rabbi Akiba rentra après avoir passé 24 ans à étudier loin de son épouse, Kalba Savoua, vint le voir sans se douter que c’était son gendre. Il voulait que la Rabbin lui annule son voeu.
Rabbi Akiba demanda à Kalba Savoua : si tu avais su que ton gendre deviendrait un grand homme de Torah, aurais-tu prononcer le voeu de priver ta fille de tes biens ? Kalba Savoua lui répondit : si j’avais su qu’il connaîtrait un chapitre ou une hala’ha, je n’aurais jamais prononcé ce voeu. Rabbi Akiba répondit, ton voeu est délié, … et je suis ton gendre. Kalba Savoua s’évanouit.

Cette histoire soulève au moins deux questions.
1/ Comment Rabbi Akiba a-t-il pu défaire un voeu qui le concerne ? Rabbi est partie prenante, il n’a pas le droit de statuer sur un tel voeu ?
Le Ribach répond que Rabbi Akiba a juste trouvé la clé (ou la porte) pour défaire ce voeu. Mais c’est un autre sage, ou  un tribunal de 3 hommes (simples) qui ont défait le voeu.

2/ Normalement pour défaire un voeu, il faut trouver un élément qui existait au moment de la formulation du voeu, et qui n’était pas su de celui qui a dit le voeu. On ne peut pas défaire un voeu avec du “Nolad”, des éléments nouveaux qui se produisent après la formulation du voeu.
Or Rabbi Akiba est devenu sage après le voeu de Kalba Savoua? Quand le voeu a été formulé Akiba n’était qu’un ignorant !
Le Ran (Nedarim 50b) explique que Rabbi Akiba s’est marié à condition qu’il aille étudier. et li est prévisible que si quelqu’un part étudier il apprenne au moins un chapitre ou une Hala’ha.

Tossefot dans Ketouvot 63 vont plus loin. Ils expliquent que celui qui part étudier, alors, il deviendra forcément un grand homme. C’était donc su dès le départ. Celui qui fait l’effort d’aller étudier va forcément se transformer.

Chabbat Chalom

Stephane Haim Cohen
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