Nasso 5782 - Chavouot

" Recense [Nasso] les fils de Guerchone, eux aussi, ..."
(Bamidbar 4,22).


Cette semaine, nous lirons la paracha Nasso.

En dehors d'Israel, on lit la paracha Bamidbar. Ici un commentaire envoyé la semaine dernière : https://limud.net/content/bamidbar-5782

Nasso cela signifie “recenser, compter”. C’est aussi le même mot qui veut dire “élever”. C’est aussi le même mot qui est la racine du mot mariage = NiSSouIM.
 

Samedi soir, nous entrerons dans la fête de Chavouot. La Torah la nomme la fête des semaines, celles qui séparent Pessa’h de Chavouot. Et nous la nommons “la fête du don de la Torah”. Il faut comprendre par là que pour acquérir la Torah qui nous a été donnée, ce sont les semaines qui comptent. Pour acquérir la Torah, le but est dans le chemin… Jour après jour, semaine après semaine, l'homme se transforme pour mériter la Torah.
Chavouot c’est un peu le mariage entre D. et son peuple. La Torah, c’est l’acte de mariage.


Pourquoi Chavouot est qualifiée de “fête du don de notre Torah”.
On aurait très bien pu se placer du côté du receveur ! Pourquoi ne pas qualifier Chavouot de fête de réception de la Torah ?
L’aspect “don” est essentiel. La Torah est là. Elle est à disposition. Si on veut s’en accaparer, il faut le vouloir. Celui qui veut croire au Ciel sait ce qui lui reste à faire : des efforts pour faire un avec la Torah et se rapprocher du Créateur.
Le Don est aussi essentiel, comme dans un mariage. D. a donné la Torah pour nous. D. n’a pas besoin de nous. Il nous a donné la Torah par amour. C’est l’exemple à suivre pour nous. Quand nous aimons quelqu’un, nous lui donnons, sans rien attendre en retour. Les parents avec les enfants, mari et femme, … si on aime, on donne sans contrepartie.
De même l’homme qui aime D. accomplit les commandements sans rien attendre en retour.

Les 10 paroles
Dimanche matin, nous lirons les 10 commandements, que la Torah nomme les “Paroles”.
Le Rav Zacks zal nous rappelle que l’on peut classer ces paroles en 3 groupes.

Les 3 premiers commandements sont liés à D.
Reconnaître que D. existe, l’interdit de l’idolâtrie, ne pas jurer/prononcer le nom de D. en vain. En résumé donner de la place à D. parmi nous

Les 3 commandements suivants sont liés à notre existence. Inscrire D. dans notre quotidien. Respecter le Chabbat, c’est déclarer que D. est le Créateur.
Respecter ses parents, c’est honorer ceux par qui nous existons, et donc par transitivité, le Créateur.
Ne pas tuer, c’est ne pas toucher à son prochain qui est créé à l’image de D.

Les 3 commandements suivants sont indispensables au bien-être de la société.
L’interdit de l’adultère est un des fondements du mariage. Et le mariage est le lien humain qui ressemble le plus à la relation entre l’homme et D.

L’interdit du vol, la protection de la propriété privée, sont des fondements d’une société libre (Locke).

L’interdit du faux témoignage permet à la société de faire que la justice fonctionne. Une société ne peut fonctionner qu’avec un système judiciaire efficace.

Le Rav Zacks zal a donc classé les 9 premiers commandements. Il  reste le dernier, l’interdit de convoiter le bien, ou la femme de son prochain, qui ressemble à un cheveu qui tombe sur la soupe. Ce commandement semble bien anecdotique, eu égard aux 9 premiers.
 
En fait le Rav Zacks explique que la jalousie, la convoitise, est le fruit du désir “naturel” de ressembler à l’autre, et donc d’avoir ce que l’autre possède. Ce désir de mimétisme peut pousser l’homme qui ne se maîtrise à enfreindre toutes les lois de la société : l’adultère, le vol, le faux témoignage, et même le meutre. Cette jalousie est donc la source, le mal à la racine, qui peut détruire la société.

Au bout du compte, celui qui est jaloux se révolte contre D. Il n’accepte pas sa situation, il pense qu’il mérite plus. Celui qui croit vraiment en D. est convaincu que ce qu’il détient, lui revient “de droit divin”. S’il ne possède pas, c’est qu’il ne le mérite pas.

Le Rav Zacks conclut que 3300 ans après que les 10 paroles aient été données, elles sont encore le moyen le plus simple de créer une société bonne.


Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN