Tazria Metsora 5783

"... il demeurera seul, sa résidence sera à l’extérieur du camp"
Vayiqra 13,46


Cette semaine nous lirons la paracha Tazria ainsi que la paracha Metsora
Ces parachiot sont essentiellement consacrées aux problèmes de pureté et d’impureté. Plusieurs types d’impureté sont présentés, entre autres :

- L’impureté de la femme après qu’elle ait donné naissance à un enfant. Cette forme d’impureté n’est pas un jugement de valeur (la femme n’est pas inférieure à l’homme !). C’est un concept spirituel qui n’est pas évident à comprendre, mais qui a des incidences matérielles. Ainsi, par exemple, la femme est interdite à son mari tant qu’elle n’est pas redevenue « pure ».

- L’impureté qui provient de la Tsaraat = certaines tâches sur la peau, sur des vêtements ou sur les murs d’une maison. C’est une maladie qui existait à l’époque du Temple. La Tsaraat frappait l’auteur de médisance = Lachone Harah. Rappelons que le Lachone Harah est le fait de rapporter une parole, même vraie, sur son prochain, cette parole étant susceptible de lui nuire.


Le verset en entête fait référence au metsora (atteint de la tsaraat) qui devra être isolé.

Cette semaine, j’ai eu la chance d’étudier avec un ami un passage des Si’hot Moussar du Rav Hayim Chmouelevitz (Tazria, 5732). Voici ce que j’en ai retenu.

La guemara Nedarim 64b cite une brayta : 4 personnes sont considérées comme mortes (alors qu’elles sont vivantes) : le pauvre, le metsora, l’aveugle, et celui qui n’a pas d’enfant.

Le Rav Hayim Chmouelevitz demande pourquoi le metsora est-il considéré comme mort ? Il prouve de la guemara que ce n’est pas à cause d’un défaut physique. Il développe un pilpoul très sympathique sur Datan et Aviram qui sont sensés être “morts” au moment où Moshé doit retourner en Egypte, après sa fuite à Midiane. La guemara considère que Datan et Aviram sont devenus pauvres, et non pas qu’ils sont metsoraim.

Rav Hayim Chmouelevitz explique que si le metsora est considéré comme mort, c’est parce qu’il doit rester SEUL. Il ne peut plus donner !

De même le pauvre, n’a pas les moyens de donner, c’est pourquoi la guemara le considère comme mort. L’Aveugle, ne pourra pas voir la détresse de son prochain. Il est coupé de l’autre, il aura du mal à donner.

Celui qui n’a pas d’enfant, lui aussi ne sait pas vraiment donner. En effet, le vrai don c’est celui des parents aux enfants. Les nuits passées à bercer un nouveau né. Le temps pour lui enseigner les choses essentielles. L’amour donné sans contrepartie. C’est l’archétype du don. C’est ce que veut dire la guemara : celui qui n’a pas eu d’enfant ne sait pas vraiment ce que représente le don gratuit. Il est donc considéré comme mort.

Le Metsora est puni. Il doit rester à l’extérieur du camp, il ne peut plus donner. Il est mort.
Il a fauté. Il a été médisant. Il a donc créé des barrières qui le séparent des autres. La sanction est donc adaptée:  on le met à l’écart. La Torah, dans Sa bonté, a prévu une peine mesure pour mesure. Grâce à la punition, l’isolement, le fauteur pourra, s’il le veut vraiment, comprendre les causes de son état et amender son comportement. Le fauteur a isolé des gens par ses paroles, il est donc frappé de tsaraat, et devra s’isoler.

En cette période, où les barrières semblent grandir et séparer … soignons notre langage. Même si l'on est désaccord, les mots doivent être l’outil pour réunir… et surtout pas séparer.

Chabbat Chalom

Stéphane Haim COHEN

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