Terouma 5782


« Et ils Me feront un sanctuaire, et Je demeurerai au milieu d’eux » CHEMOT (25,8).

La paracha de la semaine est consacrée à l’explication de la construction du Michkan (= Temple démontable utilisé dans le désert) et à celle des ustensiles qui y étaient utilisés (l’Arche, la Ménora, la Table …).
Le Michkan, puis le Beit Hamiqdach, c’est le lieu que nous devons construire, pour « accueillir la Présence Divine » sur terre.
Le Michkan, c’est vraiment le lieu du rite. Tous les jours on y fera le même service. Avec les mêmes ustensiles…. N’est-ce pas la porte ouverte à la routine ?

Par ailleurs, on voit bien que le changement est une source de progrès.
Si l’on s’intéresse à l’économie mondiale, les pays qui gagnent sont ceux qui savent innover, changer. Les Etats Unis sont devenus en 200 ans la première puissance mondiale par leur instinct du changement. Les Allemands ont su se réinventer après la guerre 39-45.
Inversement l’Espagne, qui était l’une des principales puissances au 16è siècle, ne compte plus tellement aujourd’hui. L’Espagne était riche et puissante, et cela l’a endormi. Le changement on l’a subi, plutôt que de l’accompagner.

Pour les entreprises, c’est la même chose. Les géants des nouvelles technologies, caracolent en tête car ils vivent le changement perpétuel. Ils anticipent le changement. Inversement, les entreprises qui ne changent pas sont amenées à disparaître.
Les administrations sont la caricature de la structure qui refuse le changement, et qui grossit naturellement.
Sur le plan individuel, seul le mort ne peut pas changer. La vie c’est le mouvement, le changement. L’homme qui ne bouge pas, qui ne se remet pas en question, s’engraisse… Son cerveau rouille… Son caractère devient de plus en plus rigide.

Si on ne change pas, tout devient répétitif, animal. Une entreprise qui ne change pas, même si son marché est stable, verra son bénéfice diminuer, parce que naturellement elle consommera toujours plus de ressources pour atteindre les mêmes résultats.

Alors pourquoi, si le changement est vital, le service du michkan, puis le service du Temple, et aujourd’hui la prière sont tellement répétitifs ? Pourquoi les rites sont-ils si nombreux ?
 

Peut être que le changement est essentiel pour les sujets où l’on se bat avec nos mauvais penchants, nos tendances naturelles. Pour s’éloigner du mal, il faut changer perpétuellement.
Mais cela ne suffit pas. On peut se contenter de se battre contre ses tendances naturelles. Mais on peut aussi faire mieux. On peut transformer sa lourdeur, son mauvais penchant en un moteur pour se rapprocher de la vérité. Pour éduquer notre mauvais penchant, et le transformer en notre meilleur ami, ce n’est pas simple. Il faut du temps. Il faut répéter les actes qui me permettront de me créer une nouvelle nature.

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN