Toledot 5783 - La bénédiction dans la joie

Yst’haq parle à Esaw "Fais pour moi des mets savoureux comme j’aime, apporte les moi et je mangerai, afin que mon âme te bénisse avant que je meure"
 (BERECHIT 27,4)

La paracha Toledot nous raconte une partie de la vie de Yts’haq et de sa femme Rivka. Ils vont avoir des jumeaux : Esaw et Yaaqov.
Dans cette paracha, Yaaqov achète le droit d’aînesse qu’Esaw dédaigne et méprise. A la fin de Toledot, grâce à la clairvoyance de Rivka, Yaaqov obtient toutes les bénédictions de son père Yts’haq, la bénédiction sur l’aspect matériel, puis celle du spirituel.

Le Torah Temima rapporte les responsa du Maaram sur le verset en entête (simane 364). Le Maaram explique que l’on apprend d’ici que pour bénir, il faut être joyeux. Yist’haq demande un bon repas, pour qu’il se sente bien, et qu’il soit capable de bénir.

Le Torah Temima rappelle qu’à partir de cette loi on apprend qu’un Cohen endeuillé ne montera pas faire birkat cohanim. Dans le même ordre d’idée, certains ont l’habitude de ne pas faire monter pour birkat cohanim les célibataires. En effet, la vraie joie, on ne la connaît que lorsque l’on est marié ! Profitons-en pour souhaiter aux jeunes mariés un grand mazal tov …. une pensée particulière aux cohanim jeunes mariés ! :-)
Mais pourquoi ne peut-on bénir que joyeux ?

Pour répondre à cette question, il faut d’abord définir ce qu’est la joie. Quand est-on joyeux ?

La joie est un sentiment qui naît quand on ressent que rien ne manque. Celui qui est entier, qui est plein, connaît la plénitude, il est joyeux ! Celui qui a le ventre vide, ne peut pas être joyeux. Il pense au manque… Celui qui est seul, qui cherche sa moitié, aussi est manque, il ne peut donc pas être complètement heureux.
Nos maîtres nous disent qui est riche ? celui qui est joyeux de sa part ! Il est content (il se contente au sens premier) de ce qu'il a. Cet homme est vraiment heureux, car rien ne lui manque. Pas de j’aurais dû, il faudrait, j’aimerais …. Le présent est suffisant. Le présent est le plus beau présent, quand on décide que rien ne manque ! Celui qui est joyeux, c’est celui qui forme une entité, il est complet, rien ne lui manque. Il fait UN avec lui-même.

Pour bénir, il faut forcément être joyeux. La bénédiction est de l’ordre du DON. Quand X bénit Y, X souhaite du bien à Y, X montre une direction à Y.
Pour donner, il faut forcément être joyeux, cela signifie qu’il ne faut pas ressentir un manque quelconque. Celui qui est triste, n’a pas l’esprit à donner. Celui qui a faim proférera des paroles vides comme son estomac.
En revanche, celui qui fait un avec lui-même, voudra communiquer sa joie débordante, il voudra entretenir sa joie débordante. En bénissant, l’homme heureux partagera son bonheur, et comme par magie sera aussi lui-même plus heureux. Donner rend heureux !

Chabbat Chalom.
Stéphane Haim COHEN
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