Vaye’hi 5784

« Jacob appela ses fils et il dit: Rassemblez-vous, je veux vous raconter ce qui vous arrivera à la fin des jours. Groupez vous ensemble et écoutez, fils de Yaaqov, écoutez Israel votre père. »
Berechit (49,1-2)

Le début de ce commentaire est une copie d’une partie d’un commentaire envoyé en 5780. Ensuite nous tenterons de répondre à la question posée la semaine dernière.

La paracha de la semaine conclut le livre de Béréchit. Le peuple des enfants d’Israel (Yaaqov) est à présent une entité à part entière, bien que résidant en Egypte.
Yaaqov, le troisième patriarche bénit, dans notre paracha, ses enfants, les 12 tribus, avant de rejoindre le monde de la Vérité.

Le Netivot Chalom rappelle les mots de la guemara Pessa'him 56a. Yaaqov a voulu dévoiler la fin des temps, et son inspiration divine disparut.
Le Netivot Chalom continue en citant le Zohar : il est impossible que la Torah exprime quelque chose qui ne se produit pas.

Si la Torah fait dire à Yaaqov qu'il va annoncer la fin des temps, c'est clair qu'il a exposé son message.

C'est pourquoi le Netivot Chalom insiste sur le mot utilisé par la Torah « Raconter » = « AGuiDa » Rassemblez vous et je vais vous raconter.
Aguida, c'est « je vous dirai », « je vous raconterai ». Le mot est construit sur la racine eGueD = lien.
Yaaqov dit donc Rassemblez vous et soyez unis, …. c'est cela le secret de la fin des temps.

En effet, c'est la division, la haine gratuite qui a mené à l'exil consécutif à la destruction du Temple.
La solution c'est de s'unir.

Le Netivot Chalom explique qu'à la fin des temps grande sera la tentation des divisions. Et si le peuple veut hâter la délivrance, il devra s'unir.
S'unir, ne veut pas dire abandonner ses principes. S'unir ne veut pas dire faire des concessions sur son mode de vie ou de penser.

S'unir c'est être intransigeant avec soi même et tolérant avec l'Autre.

S'unir, c'est accepter que l'Autre puisse être différent mais pas inférieur.

La semaine dernière, dans Vayigach, nous avons dit que la discorde des enfants est une atteinte au respect des parents. Lorsque les enfants se disputent, le père a de la peine. Lorsque le peuple est divisé, c’est D. à qui on porte atteinte.

POURQUOI ?
Nous avons demandé : comment comprendre que la fraternité est plus importante que le dévoilement de La Vérité ?

Pour tenter de répondre à la question intéressons nous au Midrach qui décrit la rencontre entre Yaaqov à la fin de sa vie, et ses enfants, qu’il va “bénir”.

Yaaqov veut dévoiler la fin des temps, et soudain, il s’interrompt. La présence Divine s'éloigne de lui, nous dit Rashi. Yaaqov a peur, peut-être que sa descendance n’est pas digne ? Il voit probablement les luttes intestines, la désunion.
Alors les enfants disent tous en coeur : “Chema Israel Hachem Elokenou Hachem E’had”. Ecoute Israel [ils parlent à leur père] l’Eternel notre D., L’Eternel est UN. La profession de foi du Judaïsme.

On peut comprendre que de la même façon que D. est UN, alors nous serons UN.

C’est en ce sens que la recherche de l’unité est plus importante que la vérité … tout simplement parce que l’unité c’est La Vérité ultime.

Ensuite Yaaqov enchaînera en “bénissant” les enfants. En fait, ce ne sont pas que des bénédictions. C’est plutôt des caractéristiques de ses enfants que Yaaqov met en exergue. Il veut montrer que chaque enfant est unique. Il aide chaque enfant à comprendre quelle est sa spécificité. Et ainsi, chaque enfant pourra s’épanouir sans vouloir prendre la place de l’autre. Dans le peuple juif chacun aura un rôle à jouer. Et avant de vouloir jouer le rôle de son prochain, il faut connaître sa propre mission, son propre potentiel et tenter de le réaliser.

C’est ainsi que le peuple sera uni : chacun découvrira sa mission et la mènera à son terme.


Même si chaque individu est différent de son prochain, si le peuple s’unit, alors, il est bien plus grand que la somme des individus.

Le UN est inscrit dans la nature humaine. L’homme cherche le UN, il aime le UN.

Quand un homme écoute une mélodie qui le transporte, c’est l’harmonie, qu’il adore, c’est la combinaison des instruments et des notes qui forment une unité. En cherchant sur wikipedia, j’ai vu que “Philharmonie” a pour sens “amour de la musique”. Harmonie signifie donc en grec “musique”. On comprend bien le lien étroit entre la musique et l’unité.

Quand un homme s’émerveille devant un tableau, une peinture, c’est la même idée. La multitude des éléments, des détails forme un tout exceptionnel. Pris un à un, les éléments sont insignifiants. Ensemble ils forment une œuvre. Le UN suscite l’émerveillement.

Au niveau du peuple, c’est la même chose. Si nous parvenons à comprendre que nous sommes un élément d’une Unité, si nous comprenons chacun notre rôle, et que nous le tenons, alors nous nous rapprocherons de la fin des temps dont parle Yaaqov. Un peuple qui fait UN suscite l’émerveillement. Et alors tous les peuples de la Terre admireront le peuple UN, et reconnaîtront ainsi le D. UN.


Chabbat Chalom,
Stéphane Haim COHEN

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