Vayele’h 5782 - Chabbat Chouva

 « Reviens, Israël, jusqu'à l'Eternel, ton D.; car tu as trébuché par ton péché. Prenez avec vous des paroles et revenez à D. ! Dites-Lui: "Fais grâce entière à la faute, agrée la réparation nous voulons remplacer les taureaux par cette promesse de nos lèvres »

(Osée 14,2-3)

Une fois n’est pas coutume, le verset en entête est issu de la haftara de la semaine. Cette haftara a donné son nom à ce premier chabbat de l’année : Chouva, Reviens.

Ce chabbat suit le jugement de Roch Hachana, et précède Yom Kippour. Nous sommes dans les 10 jours de retour vers D. C’est une opportunité à saisir pour grandir.

Le but est simple : se rapprocher de D., se parfaire. Le problème, c’est que l’on pense toujours être dans le vrai. Comment décider de se parfaire, si j’ai passé un an à me convaincre que j’agis pour mon bien, pour celui de mon prochain, pour le bien du monde ?

Mon mauvais penchant est devenu ma nature profonde, je ne vois plus mes erreurs.

Qui faute consciemment ? Qui faute sans se persuader d’être dans le vrai ? Fauter et penser que l’on faute, c’est une torture psychologique. Si je crie sur mon prochain, c’est qu’il est tordu, et que je dois l’aider à ouvrir les yeux. Si je crie sur l’autre, ce n’est sûrement pas parce que j’ai des problèmes, c’est juste parce que l’autre a besoin de cela.

Pour éviter de vivre dans l’incohérence, pour éviter de devenir schizophrène, j’ai 2 possibilités :

  •     je me crée une nouvelle personnalité. Je deviens cohérent avec mes pensées ou mes actes tordus, parce que je me suis convaincu que j’agis dans le bien.
  •     ou bien, j’enfouis en moi, tout ce qui pourrait me rapprocher de la vérité.

Désormais, je ne suis plus conscient de fauter. Je me suis créé une nouvelle nature. J'ai enfoui en moi, mon lien avec la vérité.

Je suis maintenant aux ordres de mon Yetser Ara, mon mauvais penchant, et je ne le réalise pas. Ce Yester Ara c’est mon inconscient qui prend le dessus.

La guemara Souca 52a cite des versets qui me permettent de mieux comprendre ce qu’est ce mauvais penchant.

Rabbi Avira dit, et certains pensent que c’est Rabbi Yeochoua ben Levi, D. a nommé ce penchant “Le Mauvais”, comme il est dit : “Car le penchant du coeur de l’homme est MAUVAIS depuis son enfance” (Berechit 8,21).

Nous pouvons comprendre qu’il y a une partie inconsciente dans le coeur de l’homme. C’est un héritage. Il existe depuis l’enfance. Qu’on le veuille ou non, l’homme a hérité d’une histoire, qui va altérer son jugement et qui peut l’éloigner de la vérité. On peut dire que ce n’est pas juste, mais cela ne change rien. Cet inconscient est là, et notre rôle c’est de le dépasser. Cet inconscient, ce RA’, ce mauvais qui est en nous, nous aveugle, et nous endort. RA’ (=mauvais), c’est le mot ‘ER (=éveillé) à l’envers. Cet inconscient, hérité, m’endort : mon rôle est de le combattre en m’éveillant.

Moshé nomme le mauvais penchant “Arel” (= incirconcis), comme il est dit “Et vous enlèverez l’impureté de votre coeur” (Devarim, 10,16). Ce mauvais penchant, c’est une obturation. C’est la couche que l’on se crée et qui vient boucher notre cœur. Cet inconscient vient recouvrir notre volonté de nous approcher de la vérité. Mais ce mauvais penchant n’est plus seulement un héritage. Celui-là, on le fabrique.

Ye’hezqiel a nommé le mauvais penchant “la pierre”, comme il est dit :  “Je vous enlèverai votre coeur de pierre” (Ye’hezqiel 36,26). Ce cœur de pierre (et non de chair), c’est l’inconscient hérité ou que j’ai fabriqué, et qui m’empêche de me corriger.

Yoel l’a nommé “l’enfoui”, Tsefoni, comme il est dit “Et ce fléau du nord (tsefoni), J’éloignerai de vous…” (Yoel 2,20). Tsefoni, signifie “du nord”, mais aussi “caché, enfoui”. Yoel nous fait comprendre, que le mauvais penchant, c’est l’inconscient, qui est enfoui. Pour s’en sortir, il faut lutter contre cet inconscient. Mais comment ?


Question : Il existe dans l’homme des éléments inconscients hérités et acquis, qui constituent le moteur (l’essence ?) du mauvais penchant. Comment les combattre ?


Tout le monde n’est pas capable d’aller chercher au fond de soi les ressorts de ses actions. Et en plus, même si on en était capable, est-ce bien ? Parfois, remonter à des traumatismes originels ne permet pas de s’en sortir, au contraire.
En tout cas, pour battre mon mauvais penchant, cela passe par la parole (verset en entête) : “Prenez avec vous des paroles”.

Il faut dire les fautes. En tentant de dire les fautes, en les répétant plusieurs fois, elles vont quitter le domaine de l’inconscient.


La Torah me demande même de me repentir des fautes commises sans intention de fauter. Ce sont des actes manqués. Par ce repentir, je pourrai peut-être avoir accès à des ressorts plus profonds, qui sont à la racine de ces fautes. Je pourrai peut-être soigner la cause de la plaie, et pas simplement mettre un pansement.


Mais, même si je ne remonte pas aux causes profondes, la Torah me donne la solution, utile pour tous, afin de s’en sortir. En répétant les prières, en répétant l’accomplissement des mitswot, je viens me créer une nouvelle nature. En choisissant d’accomplir les mitswot, je vais mettre mon inconscient au service de ma conscience. Je vais réduire mon inconscient à la portion congrue.


En priant, et en répétant les prières,  en accomplissant les commandements divins, répétitifs, en prenant conscience de mes prières, et des commandements que j’accomplis, je vais dompter mon mauvais penchant (inconscient) qui me fait agir sans réfléchir.


Chabbat Chalom,


GMAR VA’HATIMA TOVA


Chana Tova


Stéphane Haim COHEN