Vayetse 5783 - Silence, Merci

“Et ce fut le matin, et voici que c’était Léa”
 (BERECHIT 27,4)

Le début de la Paracha Vayetse présente le départ de Yaaqov de Beer Sheva vers ‘Haran. Il fuit Esaw, et suit le conseil de ses parents : aller chez Lavan, le frère de sa mère, (à ‘Haran) afin d’épouser une de ses filles. Rappelons que Yaaqov voulait épouser Ra’hel, mais par la tromperie de Lavan, il se maria d’abord avec l’aînée : Léa. C’est chez Lavan que naîtront les enfants de Yaaqov, les tribus d’Israel (sauf Binyamin).
Le verset en entête fait référence à la surprise de Yaaqov, en se réveillant près de Léa. Il a été trompé.


Rabénou Bé’hayé rapporte : jusqu’à maintenant, ce n’était pas Léa ? Pourquoi la Torah dit: “et voici que c’était Léa” ? Les Maîtres répondent que Yaaqov se doutait du subterfuge, il avait donc transmis des signes (un code) à Ra’hel, pour vérifier que c’était bien avec elle qu’il se marierait.

Mais Ra’hel a eu pitié pour sa soeur. Comment ne rien faire pour empêcher la honte qui frapperait Léa si elle ne donnait pas le bon signe à Yaaqov ? Ra’hel transmet donc le code à sa grande soeur Léa, avant le mariage.
 

Ra’hel s’est accaparée le mérite du silence. Léa s’est accaparée le mérite du merci, de la reconnaissance.

Yaaqov, avant le mariage, envoyait des cadeaux pour Ra’hel. Lavan, les prenaient, et les donnaient à Léa. Ra’hel se taisait, elle ne bronchait pas. Cette qualité, savoir se taire, elle l’a transmise à ses enfants et ses descendants.

Binyamine saura se taire. Il savait tout de la vente de Yossef, et il s’est tu. La Reine Esther, qui descend de Ra’hel, saura se taire : “Esther ne révélait pas son pays de naissance, ses origines” (Meguila Esther, chap 2).
Léa est l’ancêtre de ceux qui sauront dire merci. Léa dit, à la naissance de son 4è fils (Yehuda) : Cette fois je vais remercier D. (Berechit 29,35).

Rabbénou Be’hayé continue et dit que pour Yehuda, on a dans Vaye’hi : “Yehuda, toi tes frères de reconnaîtront” Berechit (49,8). Le Roi David, un descendant plus lointain de Léa dira dans les psaumes “Hodou lachem….” “Louez/remerciez D. car Il est bon”.

En fait les 2 mères fondatrices du peuple juif montrent l’exemple. Le secret du bonheur, le secret pour une postérité épanouie, c’est savoir bien utiliser sa bouche.
 

Savoir utiliser sa bouche, c’est d’abord savoir ne pas l’utiliser. Il faut savoir se taire !
Parfois, l’envie déborde, on veut dire quelque chose, qui ne sera pas forcément agréable. Savoir se taire, c’est décider d’agir. En se taisant, je me domine, je reste maître moi. Comme le dit le Rav Benchetrit. Je décide d’agir et non pas de réagir.

Savoir utiliser sa bouche, c’est aussi l’utiliser pour créer du bonheur avec des mots simples. MERCI. Le mot magique. Le mot qui fait plaisir à celui qui l’entend. Le mot qui rend heureux celui qui le dit. Celui qui dit merci, a conscience qu’il n’est pas seul au monde. Celui qui dit merci existe et fait exister. Seul celui qui sait dire merci pourra tenter de s’approcher de D.

Chabbat Chalom.
Stéphane Haim COHEN
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