VAYIGACH 5779

« A tous il donna, pour chacun des tenues de rechange, et à Binyamine il donna 300 shekels d'argent et cinq tenues de rechange.»
Berechit (45,22).
 
 
La paracha de la semaine nous raconte le dévoilement de Yossef devant ses frères.
 
C'est dans cette paracha que les masques tombent. Les frères de Yossef étaient persuadés d'être dans le vrai. Ils s'étaient débarrassés de Yossef, et ils étaient sûrs d'avoir raison ! Ils en étaient tellement persuadés qu'ils ne pouvaient pas reconnaître leur frère qui étaient devant eux. Cela prouve vraiment qu'il est terriblement difficile de prendre du recul et d'analyser son comportement.
 
Après son dévoilement, Yossef demande à ses frères de ramener toute la famille en Egypte. Yaaqov et tous les siens descendront donc en Egypte.
 
Yossef, comme on le voit dans le verset en entête remet des cadeaux à chacun de ses frères, mais Binyamine reçoit plus que les autres. La guemara Meguila 17b demande : est-ce possible de trébucher sur un sujet où on a déjà payé cher ? Toute l'histoire de Yossef, sa vente comme esclave, s'est produite à cause des différences de traitement par Yaaqov entre Yossef et les autres frères. Comment Yossef pourrait il continuer à faire la même chose ?
 
La guemara répond pour les 5 tenues de rechange à Binyamine, que c'est une allusion au descendant de Binyamine, Morde'hay qui sera vêtu de 5 habits de royauté, comme on le lit dans la Meguilat Esther.
 
Le Torah Temima rapporte les paroles du Gaon de Vilna et demande : même si ces habits sont une allusion, il n'en reste pas moins qu'il y a une différence de traitement entre Binyamine et les frères. On répond donc que les 5 habits habits pour Binyamine avaient la même valeur (argent) qu'un seul habit pour les frères.
 
Le Torah Temima fait remarquer que le mot « HaLiFOT » = rechange s'écrit pour les frères avec un Vav pour le son « O », et sans vav pour Binyamine. Pour les tables de la loi « Lou'HOT » on a la même particularité dans Ki Tissa. Et là bas on apprend que les tables de la Loi étaient semblables.
Ici, c'est donc la même chose. Les 5 habits de Binyamine sont équivalents à un habit pour les frères. Il y en a 5 uniquement pour faire une allusion à Morde'hay.
 
La Maharcha s'étonne de la guemara qui n'a parlé que des habits, mais qui ne parle pas des 300 shekels d'argent remis à Binyamine et pas aux frères. C'est encore une différence flagrante !
Le Torah Temima cite Rabénou Bé'hayé qui relie les 300 shekels à 10 x 30 shekels (valeur d'un esclave) dont sont redevables les frères.
En effet, celui qui vend un esclave à un non juif, on lui impose une amende jusqu'à 10 fois la valeur de l'esclave.
Que vient nous apprendre Rabénou Be'hayé ?
Le Torah Temima explique que les frères qui ont vendu Yossef auraient dû être punis en payant 10 x 30 = 300 shekels, et chacun aurait dû payer la somme. Maintenant, Yossef, annule cette punition. Tout se passe comme si, il avait donné 300 shekels à chacun de ses frères. Or Binyamine, n'a pas participé à la vente de Yossef. Pour rétablir l'équité, Yossef lui remet donc 300 shekels. Ce n'est pas un traitement de faveur qui peut susciter la jalousie, c'est simplement rétablir la justice.
 
 
CHABBAT CHALOM
 
Stéphane Haim COHEN