Yitro 5785

«Le beau-père de Moshé (Yitro) lui dit : ce n’est pas bien la chose que tu fais» CHEMOT (18,17).
«Et vous serez pour moi un royaume de prêtres, et un peuple saint …» CHEMOT (19,6).

Cette semaine nous vivons le but de la sortie d’Egypte, le Don de la Torah.
C'est dans la paracha Yitro que tout le peuple va atteindre le niveau de prophète, à tel point que chacun pourra percevoir directement le message divin.

Au début de la paracha, Moshé a reçu, de son beau-père Yitro, une leçon de gouvernement. Yitro lui dit en faisant référence à sa façon de gouverner : “ce n’est pas bien la chose que tu fais” CHEMOT (18,17)
Il y a donc un contraste étonnant entre le début et la fin de la paracha. Au début, nous écoutons les conseils de Yitro pour diriger le peuple. La seconde partie c’est D. qui se dévoile devant le peuple en entier pour donner les lois morales les plus connues de l’univers : les 10 commandements.
Le Rav Jonathan Sacks zal, dans son livre Sig Ve Sia’h, commentaires sur la paracha, nous présente un sujet nommé : “Un royaume de prêtres”. C’est une allusion au verset en entête. D. nous demande d’être un “mamle’het cohanim”, un royaume de prêtres.


Il tente de nous expliquer le grand écart que l’on trouve dans la paracha.


Avec Yitro, nous devons comprendre que le mode de gouvernement d’un peuple n’est pas de droit divin. C’est de l’intelligence, de la sagesse. Cette science est donc partagée par tout dans le monde. Yitro, le symbole du converti, apporte donc avec lui des conseils sensés, qui permettront à Moshé de mieux diriger.
D’ailleurs le peuple juif a connu plusieurs formes de gouvernement tout au long de son histoire. Nous avons des juges, des anciens, des prophètes, des rois,... aujourd’hui nous avons une assemblée élue, qui choisit un premier ministre.
Le mode de gouvernement, n’est pas une vérité absolue, tout dépend des circonstances. D’ailleurs, précise le Rav Sacks, même lorsque la Torah demande de “mettre sur nous un roi”, le verset nous dit : “Et tu diras, je veux mettre un roi au dessus de moi, comme TOUS LES PEUPLES qui m’entourent” (Devarim 17,15). La Torah fait référence aux peuples non-juifs, à propos du Roi. On peut donc apprendre des autres nations sur ce sujet aussi. On peut gouverner en s’inspirant des autres nations.
Mais alors, quelle est la spécificité du peuple juif ? C’est la seconde partie de la paracha. Nous sommes la nation dont les lois sont divines. “...IL [D.] dit Ses lois à Israel, IL n’a pas fait de même pour toutes les nations” (Psaume 147, 19-20).
Quel que soit le mode de gouvernement, il sera contraint par La Loi, qui représente La Vérité divine. Seul D. peut diriger de façon absolue. Les hommes, en revanche, doivent composer pour diriger, et se soumettre à la loi.


La paracha nous demande ainsi d’être “un peuple de prêtres” (Chemot 19,6). Le Rav Sacks explique que tout citoyen peut devenir “saint”. Il rapporte l’explication de Rashi et du Rachbam : un peuple de prêtres, c’est un peuple de dirigeants. Il rapporte aussi le Ramban et Ibn Ezra pour qui  un peuple de prêtres, c’est un peuple de serviteurs.


Le Rav Sacks explique donc que le peuple juif est une nation de dirigeants-serviteurs. L’Alliance avec D. au Sinaï nous force à être responsable de nous même et de notre prochain. Ce n’est pas une élite, ou un prêtre qui est responsable du peuple. Nous sommes un peuple de dirigeants, serviteurs du peuple, au sens que nous sommes tous  responsables de l’Autre. C’est la mission du peuple de juif.

Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN

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