«… Le peuple se rassembla autour de Aaron, ils lui dirent, Fais nous des dieux qui marcheront devant nous….» CHEMOT (32,1).
La Paracha Ki Tissa est marquée par l'épisode du veau d'or et sa conséquence : la destruction des premières Tables de la Loi.
En effet, Moshé, après la révélation du 6 siwan « monte » pour recevoir la Torah. A la fin des 40 jours, D. lui dit de descendre. Le peuple s’est corrompu.
Le peuple a l’impression que Moshé n’est plus. Le peuple demande à Aaron de lui fabriquer des dieux (verset en entête). C’est un veau d’or qui va sortir.
Ce veau d’or est l’idole par excellence, c’est l’archétype de toutes les idolâtries. La Torah nous montre ici que l’idolâtrie peut frapper partout, n’importe quand, et même ceux qui sont proches de D.
Ce soir c’est le 14 adar, c’est Pourim ! Il y a un grand point commun entre la paracha de la semaine et Pourim.
A Pourim, comme nous l’avons expliqué la semaine dernière, D. est caché. Tout semble naturel, et pourtant l’enchaînement des événements est surnaturel. Le travail de Pourim est de nous apprendre à ouvrir les yeux pour découvrir la main de D.
Dans la paracha Ki-Tissa, tout se passe comme si D. se cache. Même Moshé, qui est monté pour recevoir la Torah semble avoir disparu. Le peuple, pour la première fois depuis la sortie d’Egypte, doit faire face à ce qui s’apparente à de la solitude. Il n’y a plus de guide.
A travers la faute du veau d’Or, la Torah souhaite peut-être nous apprendre comment chaque individu doit trouver son chemin. Moshé s’est absenté 40 jours. Le peuple n’est plus en contact avec le divin. Le peuple doit faire face à une alternative : trouver un remplaçant, ou tenter de retrouver l’original.
La solution de facilité, c’est l’idolâtrie. Il faut une divinité pour m’empêcher de réfléchir. Il faut un guide, grâce auquel j’oublie mon moi.
En juillet 1912, durant les derniers jours de la vie de l’Empereur Meiji, des milliers de japonais se sont réunis autour du palais pour prier pour son rétablissement. Des hommes, des femmes, des enfants se sont donnés la mort pour demander aux dieux de la religion shintoïste d’échanger leur vie contre celle de Meiji…. sans succès.
En fait, la Torah ne veut pas que l’on sacrifie l’individu sur l’autel de la religion, de D., ou du guide. Moshé s’efface pendant 40 jours. D. n’est plus présent. C’est un avant goût de l’histoire du peuple juif. On pourra très bien croire que D. est absent. Mais c’est tout le contraire. Le divin se retire pour donner à l’homme l’opportunité d’aller lui-même découvrir le divin.
Dans Ki Tissa, l’essai fut un échec. Nous sommes tombés dans le piège de l’idolâtrie. L’homme recherche souvent ce qui est facile et agréable… d’où l'idolâtrie. Plus besoin de réfléchir ! Plus besoin de faire des efforts !
A Pourim, même si nous ne sommes pas passés loin de la catastrophe, nous avons réussi l’examen. Nous avons réussi à débusquer D. qui se cache dans des événements qui pourraient être considérés comme naturels. Nous savons que ce n’est pas facile. “Longue et semée d'embûches est la route”. Mais c’est cette route qui nous fait grandir, quand nous faisons les efforts pour se rapprocher de D.
Chabbat Chalom
Stéphane Haim COHEN
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