" Comment [Ei’ha] porterai-je seul votre charge, votre fardeau, vos disputes "
(DEVARIM 1,12)
Le livre de Devarim, le cinquième et dernier de la Torah, est constitué des recommandations de Moshé aux Bné Israel. En effet, le peuple est sur le point d'entrer en Israel, Moshé est sur le point d'être rappelé par D.
Moshé donne donc des conseils, fait des réprimandes pour toutes les fautes qui ont été commises par le peuple dans le désert. Moshé veut que les Bné Israël tirent des leçons du désert afin de réussir leur vie en Israel.
La Paracha de Devarim est lue avant le jeûne du 9 av, qui cette année commencera samedi soir au coucher du soleil, pour se terminer le lendemain à la sortie des étoiles. Le jeûne du 9 av a été institué car c'est le jour où le Temple a été détruit.
Le verset en entête est en quelque sorte une allusion au 9 av. En effet, ce n’est pas courant de trouver le mot « Ei’ha » dans la Torah. Et ce mot est aussi le nom en Hébreu du Livre des Lamentations écrit par le prophète Yirmihaou (selon la tradition) que l’on lit le 9 av.
La haftara que l’on lira ce chabbat, c’est le début du livre de Isaïe. Il n’est pas tendre avec le peuple d’Israel :
Oh! Nation pécheresse, peuple chargé de fautes; race de malfaiteurs, enfants destructeurs! Ils ont abandonné D. … (Isaïe 1,4)
Le 9 av c’est donc fait pour pleurer, et pour comprendre que je suis responsable des évènements dont je souffre.
C’est la clé pour grandir et surmonter les épreuves. D’abord éviter la fuite, éviter le refoulement. Puis comprendre que l’homme est libre et qu’il est donc responsable de ce qui lui arrive. Cette prise de conscience, c’est le début du processus de guérison. Car si je sais que je suis responsable, cela veut dire que je peux m’en sortir. Je peux me corriger, je peux grandir, je peux guérir, je peux surmonter le malheur.
Le début de la paracha Devarim est un flash back sur les grandes étapes des 40 ans dans le désert. A ce titre, Moshé cite le passage des explorateurs. A leur retour, ils médisent sur la Terre d’Israel. Le peuple pleure. Et nos maîtres ont dit : ils ont pleuré pour rien au retour des explorateurs (c’était le 9 av), ils pleureront plus tard pour de terribles raisons : la destruction du Temple le 9 av.
Les problèmes, on se les crée tout seul.
Si je suis malheureux, et que je pense que c’est à cause de l’Autre, alors je ne pourrai jamais m’en sortir. C’est trop facile de dire que c'est de la faute de l’Autre. En plus, c’est donner à l’Autre un pouvoir qu’il ne mérite pas. De quel droit peut-il avoir le pouvoir de me rendre malheureux ? Si l’autre dit un mot qui me touche et qui fait mal c’est que je ne suis pas assez fort pour comprendre que je suis au dessus de ses mesquineries.
Comprendre que je suis responsable, me fait grandir. Je deviens maître de moi-même. Ce n’est plus l’Autre qui va décider pour moi. Je vais rencontrer ainsi mon moi, … et ainsi je deviendrai heureux.
Dans la liturgie du 9 av nous insisterons sur notre responsabilité. C’est en commençant par cette remise en question, que je pourrai relever la tête.
Chabbat Chalom
Stephane Haim Cohen