Vayetse 5786

 « cette fois, mon mari sera uni à moi [il m’accompagnera, Yilavé], …. c’est pourquoi on le nomme Lévi»
(Berechit 29,34)

Le début de la Paracha Vayetse présente le départ de Yaaqov de Beer Sheva vers ‘Haran. Il fuit Esaw, et suit le conseil de ses parents : aller chez Lavan, le frère de sa mère, (à ‘Haran) afin d’épouser une de ses filles. Rappelons que Yaaqov voulait épouser Ra’hel, mais par la tromperie de Lavan, il se maria d’abord avec l’aînée à savoir Léa. C’est chez Lavan que naîtront les enfants de Yaaqov, les tribus d’Israel (sauf Binyamin). 
D. a vu que Léa était détestée. C’est donc Léa qui va enfanter en premier, alors que Ra’hel est stérile pendant de longues années.  L’aîné des 12 tribus sera Reuven. Léa le nomme ainsi, car elle dit D. a VU ma souffrance, et maintenant mon mari m’aimera. 

Léa aura ensuite un second enfant. C’est encore elle qui va le nommer. D. a ENTENDU que je suis détestée, et elle le nomme CHiM’one [CHeMa’ = entendre / écouter].

Puis Léa aura un 3è enfant de Yaaqov. Elle dit, cette fois, mon mari sera uni à moi [il m’accompagnera, Yilavé], c’est pourquoi on le nomme Lévi. Ce n’est pas elle qui le nomme. Rashi nous dit que c’est l’ange Gabriel qui le nomme ainsi. Le Rachbam, nous dit que c’est Yaaqov qui le nomme.

Léa enfante une 4è fois un garçon, elle dit : “Cette fois je vais remercier D. [odé], c’est pourquoi elle appela son nom Yehouda”.

Réuven, bien qu’il soit l’aîné, ne reprendra pas le flambeau de Yaaqov. Les Rois ne descendront pas de lui. Son nom ne l’a peut-être pas aidé. En effet, il a été nommé en référence à la souffrance de la mère. Léa veut une revanche sur la vie, et ce n’est pas avec ce regard sur son fils qu’elle l'aidera à s’épanouir pour tenir son rôle d’aîné.

Chim’one, lui aussi a été nommé en faisant référence au fait que Léa est détestée. C’est la même idée. Si l’enfant est regardé comme le sauveur de la mère détestée, il ne pourra pas se développer sainement. 

En fait, le nom donné symbolise l’attitude que l’on aura envers cet enfant. Et évidemment, la façon dont on regarde l’enfant contribue à son éducation.

Pour le 3è enfant, Lévi, c’est différent. Ce n’est pas Léa qui le nomme. Cette fois, Léa ne voit plus le côté négatif : la souffrance, le fait qu’elle soit détestée. Lévi est nommé, avec un regard positif. Désormais, elle sera uni à son mari. Commencer sa vie sous un regard positif, bienveillant, c’est peut-être cela qui donnera à Levi la possibilité de devenir l’ancêtre des Cohanim, et des grands prêtres.

Enfin, pour Yehouda, c’est le grand saut. C’est Léa qui le nomme en remerciant D. Remercier, c’est donner de la place à l’autre. Yehouda sera heureux, car il saura remercier. C’est l’ancêtre du Roi David, l’auteur des psaumes. Ce regard et ce nom ont probablement contribué à donner à Yehuda les facultés pour devenir l’ancêtre des futurs Rois du peuple juif.

Chabbat Chalom,
Stéphane Haim COHEN

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