déjà envoyé en 5772
« Yossef a vu Binyamine qui était avec eux [les frères] …»
Berechit (43,16)
La paracha de la semaine nous rapporte le triste épisode de la vente de Yossef par ses frères. Ces derniers étaient convaincus d’être dans le vrai. Ils avaient jugé Yossef, et l’avaient condamné.
Yehouda a une grande part de responsabilité dans cette vente. Reuven voulait venir sortir Yossef du puits dans lequel on l’avait jeté. Mais c’est Yehouda qui va proposer de vendre La paracha de la semaine nous raconte l'ascension surnaturelle de Yossef dans la société égyptienne. Il était dans une obscure prison à la fin de la paracha Vayechev (Chabbat dernier), et voici qu'il va devenir vice-roi d'Egypte.
Cette promotion sociale vient du fait que Yossef saura expliquer le rêve de Pharaon. En prison, déjà il avait expliqué le rêve du préposé au vin (Sar Hamachqim) de Pharaon.
A cause de la famine les frères de Yossef vont venir acheter de la nourriture, en Egypte. C’est Yossef qui va les accueillir … froidement. Yossef les reconnaît, mais eux pensent que Yossef n’est plus. Ils n’imaginent pas qu’ils font face à leur frère.
Yossef va tenter de comprendre si ses frères se sont repentis. Regrettent-ils vraiment d’avoir vendu leur petit frère ?
Il met donc en place un stratagème, en emprisonnant Chim’one, puis en les forçant à amener Binyamine, le petit dernier. Yossef se débrouillera pour emprisonner Binyamine, et voir si les frères abandonnent le petit.
Yaaqov a longtemps refusé d’envoyer Binyamine, mais en fin de compte, à cause de la famine, il est contraint d’accepter les promesses de Yehouda de ramener Binyamine sain et sauf. Binyamine descend en Egypte avec ses frères.
Maintenant une question vient à l’esprit : pourquoi les frères n’ont-ils pas apporté « un faux Binyamine » devant Yossef ? Ils auraient très bien pu prendre un jeune homme au marché, et le faire passer pour Binyamine. En effet, ils ne savent pas que Yossef est Yossef, et qu’il connaît Binyamine !
La guemara Be’horote, nous présente les lois des Bé’horote, les premiers nés des animaux domestiques cachers, que l’on devait remettre au Cohen. Si la bête était parfaite, elle devait être apportée au Temple, si la bête a un défaut, elle peut être consommée par le Cohen.
A la page 36a de Be’horote, la michna nous dit : « on peut croire un Cohen qui dit qu’il a déjà montré la bête à un expert qui a statué que la bête a un défaut ». (Exemple, certaines imperfections dans l’œil de l’animal, le rend « baal moum », le Cohen a donc le droit de manger un tel animal).
Dans la guemara, à la suite, Rav Yehouda dit au nom de Rav : « On peut croire un Cohen qui dit qu’un animal, avec un défaut, lui a été donné par un juif ».
Pourquoi croit-on le Cohen, alors que souvent, à propos des be’horote on le suspecte de vouloir s’approprier la bête qui aurait du être destinée au Temple ?
La guemara répond parce qu’on sait qu’un homme ne ment pas sur une information qu’il est sensé détenir, mais qui pourrait devenir publique.
En clair, un homme normal ne ment pas s’il sait qu’on pourra vérifier son affirmation.
C’est d’ailleurs pour cela que le Roche, précise le cadre de l’affirmation de Rav Yehouda : le Cohen doit donner le nom de la personne qui lui a donné l’animal.
En effet, pour être en mesure d’être contredite, l’information doit être précise.
Et bien pour Yossef et ses frères, c’est la même chose. Les frères ne peuvent pas mentir, car ils savent que s’ils apportent un faux Binyamine, ils pourront être contredits.
En effet, Yossef avait gardé Chim’one. Les frères doivent donc prendre en compte que Yossef, peut très bien prendre le prétendu Binyamine, et l’amener devant Chim’one pour une identification, en lui demandant s’il connaît la personne qu’on lui présente !
Les frères sont donc contraints d’amener le vrai Binyamine. Yossef avait tout prévu.
CHABBAT CHALOM
Stéphane Haim COHEN