Terouma 5783 - Je te donne…
“« Parle aux enfants d'Israel qu'ils prennent pour Moi un prélèvement [=Terouma] de tout homme que son cœur rendra généreux. Vous prendrez Mon prélèvement.»
(CHEMOT 25,2)
La paracha de la semaine est consacrée à l’explication de la construction du Michkan (= Temple démontable utilisé dans le désert) et à celle des ustensiles qui y étaient utilisés (l’Arche, la Ménora, la Table …). La paracha commence par exposer le financement de cette construction.
Le Michkan, puis le Beit Hamiqdach, c’est le lieu que nous devons construire, pour “accueillir la Présence Divine” sur terre.
Pour financer la construction du Michkan, les Bné Israel doivent donner. Mais la Torah ne dit pas de donner … elle dit “Qu’ils prennent pour Moi”. Pourquoi remplacer le verbe donner par le verbe prendre ?
Le premier Rashi de la paracha est simple à traduire :
« Qu’ils prennent pour Moi = Pour Moi, pour Mon Nom ». La Torah dit « pour Moi » et Rashi explique le « pour Moi » en disant « pour Moi pour Mon nom » ! Que veut nous dire Rashi ?
J’espère, comme d’habitude, que je ne dirai pas de bêtises !
Donner est une action qui relie 2 individus. A donne à B. A possède quelque chose, il en transfère la propriété à B. Mais le don est toujours réciproque. NoTeNe = donne peut se lire dans les 2 sens. Quand A donne à B, A sait très bien qu’il sera payé en retour. La Torah nous montre ici l’archétype du don.
D’abord, il faut comprendre que l’on ne possède rien sur cette terre. Tout appartient à D., nous avons uniquement un droit d’utilisation. Le mot donner à D. serait donc inadapté. Il faut pRENDRE, c’est bien plus juste, ou même simplement rendre.
Donner n’est pas adapté ici car, comme le souligne Rashi, il faut prendre pour Son Nom. En clair, il ne faut rien attendre en retour. Le vrai don, c’est celui que l’on fait sans rien attendre en retour. Le vrai don, n’est pas un don puisque l’on se défait d’un bien dont j’ai conscience qu’il ne m’appartient pas. Donner fait mal lorsque je suis attaché au bien. Mais si on me demande de PRENDRE, c’est pour prendre conscience que le bien, même avant que je le donne, ne m’appartient pas. Je ne suis qu’un dépositaire. Je rends, et je ne dois rien attendre en retour. C’est le don optimal.
Selon Rashi, quand on prend pour construire le Michkan, il faut donc avoir une pensée positive. Prendre et donner, pour financer le Michkan ne suffit pas. Il faut aussi penser que c’est pour le Nom de D. que l’on apporte sa participation.